Rien de simple – Dix Points pour comprendre les thérapies manuelles et de mouvement pour la douleur.
1. La douleur est une expérience complexe et non une unique sensation produite par un seul stimulus.

2. La nociception (ensemble des signaux d’alerte en provenance des tissus corporels) n’est ni nécessaire ni suffisante pour engendrer la douleur. Autrement dit, la douleur peut exister même en l’absence d’atteinte des tissus.

3. Une expérience douloureuse peut aussi bien être induite/amplifiée par un danger réel que par une menace potentielle.

4.Une expérience douloureuse peut impliquer une grande diversité de composantes : sensorielle, motrice, autonome, endocrine, immune, cognitive, affective et comportementale. Son contexte et sa signification sont fondamentaux pour établir au final une éventuelle réponse la mieux adaptée.
5. Le cerveau cartographie les stimuli périphériques et centraux dans chacune de ces composantes et à plusieurs niveaux. Un stimulus thérapeutique à un seul de ces niveaux, peut suffire à résoudre le problème.

6. Les thérapies manuelles et les thérapies basées sur le mouvement peuvent avoir un impact sur les processus centraux et périphériques à différents stades de la nociception :
– Lors de sa transduction au niveau des récepteurs sensoriels périphériques
– Lors de sa transmission à travers le système nerveux périphérique
– Lors de sa transmission à travers le SNC
– Lors de son intégration et de sa modulation dans le cerveau.

7. Les thérapies dont le succès est le plus probable sont celles qui mettent l’accent sur le caractère inutile des idées et des craintes concernant l’origine et la signification de la douleur, celles qui introduisent le mouvement d’une manière non menaçante (physiologiquement et environnementalement), et/ou persuadent le cerveau que la menace a été résolue.

8. Les mécanismes de correction physiologique responsables de la résolution sont innés. Un thérapeute n’a besoin que de mettre en place un environnement approprié à leur expression.

9. La longueur des tissus, leur forme ou leur symétrie sont de mauvais indicateurs de la douleur. Les forces appliquées lors des traitements manuels habituels pour traiter la douleur n’ont généralement pas l’ampleur et la spécificité nécessaires pour générer des changements durables dans la longueur des tissus, leur forme ou leur symétrie. Là où de tels effets mécaniques sont plausibles, le rapport objectif avec la douleur est encore à établir. Les effets prédominants en thérapie manuelle doivent vraisemblablement plus résulter de réponses neurophysiologiques réflexes.

10. Le travail de la condition physique à visée fonctionnelle, analgésique ou pour favoriser la circulation générale peut se concevoir mais les points 6 et 9 demeurent essentiels.

Bibliographie

Livres :
Pain: The Science of Suffering – Patrick Wall
The Challenge of Pain – Patrick Wall, Ronald Melzack
Explain Pain – David Butler, Lorimer Moseley
The Sensitive Nervous System – David Butler
Phantoms in the Brain – V. S. Ramachandran
Topical Issues in Pain Vol’s 1-5 – Louis Giffiord (ed)
The Feeling of What Happens – Antonio Damasio
Clinical Neurodynamics – Michael Shacklock
The Science and Practice of Manual Therapy – Eyal Lederman

Articles de recherche:
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Article soumis le 07/04/2011 et accepté le 08/04/2011