Plus de 50% des patients qui sont passés en USI déclarent avoir ressenti des douleurs modérées à sévères pendant les soins comme au repos (et ce, malgré la médication). Il faut bien avouer que les USI constituent des lieux propices à la rencontre avec « Dame Douleur » (pathologies critiques, thérapies invasives, soins quotidiens, divers facteurs exacerbant). Les auteurs ont identifié de nombreux facteurs pouvant expliquer les difficultés de prise en charge de la douleur en USI : des freins concernent les praticiens (évaluation de la douleur, connaissances sur la douleur, dosages appropriés de l’analgésie, faible priorité au management de la douleur face aux fonctions vitales, peur de l’addiction aux opioïdes, etc.), le système de santé (logistique de l’administration des antalgiques par les infirmières, manque d’approches pluridisciplinaires dans la prise en charge de la douleur, etc.) et les patients (difficultés et craintes à reporter des douleurs, etc.).
MYTHE 2 : la douleur n’impacte pas les résultats de la prise en charge en USI à court et long terme
Malheureusement les preuves s’additionnent pour montrer qu’une mauvaise prise en charge de la douleur en USI peut avoir des conséquences importantes à court et long terme à la fois sur le plan physique, social et psychologique. A titre d’exemple, un management adéquat de la douleur en USI est associé à des réductions de la durée d’emploi de la ventilation mécanique, du taux d’infection, de la durée du séjour, du cout des soins ou encore de la mortalité à J30.
MYTHE 3 : une évaluation précise de la douleur en USI est impossible chez des patients en situations critiques car la douleur est subjective
Cette croyance vient sans doute du fait que le gold standard en évaluation de la douleur est l’auto-évaluation. L’évaluation de la douleur chez la personne non communicante n’est pas impossible et il existe fort heureusement un ensemble d’outils d’hétéro-évaluation comme le Behavioral Pain Scale (BPS) ou le Critical Care Pain Observation Tool (CPOT) : jetez un œil ici
MYTHE 4 : le contrôle de la douleur en USI est principalement sous la responsabilité de l’infirmière
Pas de polémique inutile… Les auteurs rappellent que les stratégies d’équipe sont les plus efficaces.
MYTHE 5 : pour parvenir à bien contrôler la douleur en USI, seuls les opioïdes sont vraiment nécessaires
Si les opioïdes sont de bons antalgiques, ils ne constituent pas la seule option possible en matière de prise en charge de la douleur en USI. De plus, ils présentent de nombreux effets secondaires qui impactent leur utilisation adéquat (dépression respiratoire, constipation, immunosuppression, hyperalgésie induite, etc.). On ne le répétera jamais assez : comme la douleur est multimodale, son évaluation est multimodale et son traitement est multimodal : les auteurs rappellent qu’il est nécessaire de rechercher la combinaison optimale de traitements pharmacologiques et non pharmacologiques.
A suivre…
Références