Une publication, en accès libre, a eu pour but de déterminer une série de critères pour confirmer la présence d’une sensibilisation centrale (SC) lors de cas de douleur chronique.

Des références intéressantes dans l’introduction

Elle commence par un rappel de ce qu’il se passe dans le système nerveux central lors d’une SC. C’est résumé, et cela rafraîchi la mémoire.

Souvent dans ce genre de publication, l’introduction est intéressante car on y trouve aussi des références à des études qui suggèrent des choses donnant envie d’aller y jeter un oeil.
Par exemple, celle qui montre qu’un traitement efficace pour la lombalgie chronique inverse l’activité et le fonctionnement anormal du cerveau chez l’humain.
Ou encore, comment une thérapie cognitive comportementale peut changer le fonctionnement du système nerveux et augmenter le volume de certaines parties du cerveau chez des patients présentant des signes de SC comme dans la fibromyalgie ou le syndrome de fatigue chronique.

Quelques points sur la sensibilisation centrale

Les patients avec SC présentent généralement une douleur plus sévère, une qualité de vie diminuée, un grand niveau d’incapacité, de l’anxiété et de la dépression.
La SC peut être le problème principale dans la présentation d’un patient chronique, mais toutes les douleurs chroniques n’ont pas pour origine une SC. Des pathologies chroniques comme la lombalgie, le fléau cervical, l’arthrose, l’arthrite rhumatoïde, le tennis elbow, les douleurs d’épaule et les maux de tête peuvent donc présenter un sous groupe de patients avec une SC. D’où l’importance pour le clinicien d’être capable d’identifier une SC si elle est présente chez ce type de patient.

La SC n’est pas présente que chez les patients chroniques. Des signes de SC ont été retrouvées chez des patients avec fléau cervical de moins de 7 jours. Dans ce cas, le risque de passage à la chronicité est élevée.
Encore une fois, il est important de pouvoir identifier la SC au plus tôt, pour limiter le passage à la chronicité.

Qu’apporte cette publication ?

Pour en revenir au sujet de l’étude, 18 experts de la douleur provenant de 7 pays différents ont ainsi tenté d’établir une série de critères pour différentier la SC de la douleur neuropathique et de la douleur nociceptive.

Le premier point important est d’exclure une douleur neuropatique

Elle est définie comme une douleur provenant d’une conséquence direct d’une lésion ou d’une pathologie affectant le système somato-sensorielle.
La douleur neuropathique est aussi caractérisée par un phénomène de sensibilisation (centrale et périphérique). Les auteurs ont établi un tableau comparatif différentiant les critères d’une douleur neuropathique d’une douleur d’origine centrale (non-neuropathique).
Le testing sensorielle est primordiale dans le diagnostic du douleur neuropathique, avec l’évaluation de la relation entre le stimulus (chaud, toucher léger etc…) et la perception du patient (hyperesthésie, allodynie etc…). L’autre point important étant la distribution de la douleur qui est segmentaire contrairement à la SC présentant elle, une douleur et une hypersensibilité anatomiquement illogique en rapport avec la lésion originelle.

Second point, différentier la douleur nociceptive de la sensibilisation centrale

Ensuite, pour différentier la douleur nociceptive de la SC, les auteurs préconisent 3 critères de classification à utiliser en complément de l’algorithme ci-dessous:
1) Douleur ,et incapacité en découlant, disproportionnées par rapport à la lésion potentielle;
2) Présence d’allodynie, d’hyperalgésie, et d’une distribution douloureuse diffuse;
3) Hypersensibilité sensorielle non reliée au système musculo-squelettique.

Pour en savoir plus, aller voir l’article complet.

Et pour continuer la lecture sur le sujet, il y a ce masterclass de 2010 paru dans Manual Therapy.

Référence
Nijs J et al. Applying modern pain neuroscience in clinical practice: criteria for the classification of central sensitization pain.Pain Physician. 2014 Sep-Oct;17(5):447-57.