L’annonce du passage des études en quatre ans avec la validation des 240 ects a été favorablement accueillie par la profession comme une première avancée, où en est-on ?

Le grade master et sa revendication
Le ministère impose pour la reconnaissance du grade master deux conditions :
1- Une uniformité des cursus, à savoir un an universitaire et quatre années en ifmk
2- Un conventionnement de tous les ifmk avec les universités .
Concernant l’homogénéité des études, la disparition du recrutement par concours ayant été reportée (pour le moment) à 2017, dans le meilleurs des cas, elle ne sera effective que pour les étudiants qui arriveront au terme de leurs études en…2022.
Concernant le conventionnement, il appartiendra à chaque ifmk de mener ses négociations, ce qui implique un engagement uniforme des instituts et des universités. Celles-ci sont peu motivées (on les comprend) à mettre à disposition des équipes de négociations pour un résultat qui ne leur apporte rien. Les IFE ont déjà été confrontés à ce problème. C’est un travail énergivore pour un résultat (grade) qui ne correspond à aucun diplôme et donc à aucun moyen de valorisation des pratiques professionnelles. Il n’est de surcroit pas facilité par la multiplicité des instituts et de leurs formes juridiques. Certains IFE comme Berck se sont donc repliés sur un autre dispositif : une formation à deux voies associées, universitaire et IFE qui permet l’obtention d’une diplôme et non d’un grade, peut être une voie à suivre (et déjà ouverte par quelques IFMK), mais qui aboutira à terme à une distinction des formations avec ou sans cursus universitaire.
Au final, le grade master n’est pas un diplôme et ne pourra être effectif au mieux qu’en 2022 mais il est fort à parier qu’il n’apparaîtra que plus tard sans savoir pour le moment pour quelle utilité. Une réflexion sur d’autres dispositifs est sans aucun doute nécessaire.

Les objectifs de la multiplicité des conditions d’entrée (L1 santé, staps, bio, etc) pose également question. Dans l’hypothèse d’un diplôme universitaire lié à la kinésithérapie, elle rend impossible, de par la diversité des programmes, le transfert des ECTS vers ce cursus. Le document européen "Guide d’utilisation ECTS" précise que : "Les crédits d’un programme d’études peuvent être transférés vers un autre programme proposé par la même institution ou par une autre. Un tel transfert ne peut avoir lieu que lorsque l’établissement qui délivre le titre reconnait les crédits et les résultats d’apprentissage correspondants." Cette première année ne pourra donc pas être comptabilisée. Si les UE de staps ou de L1 santé ont une légitimité de reconnaissance dans un cursus kiné, il n’en n’est rien pour les autres filières, ce qui aboutira à la constitution de promotions disparates qui de facto entrainera la non validation de la première année. L’accumulation d’ECTS ne donne pas droit à un grade ni à un diplôme sans une reconnaissance des contenus dans une filière donnée.

Le contenu des études
Avec l’augmentation du nombre d’années d’étude, nous aurions pu penser que la démarche scientifique puisse prendre une place majeure dans les programmes de formation, au moins dans les intitulés des UE. La réalité est plus pondérée.
La recherche documentaire n’apparait pas dans les enseignements fondamentaux mais elle est simplement mentionnée dans l’ UE 13 du cycle 1: "Méthodes de travail et méthodes de recherche". Rappelons que la France n’a pas de portail documentaire professionnel pour les publications scientifiques vers les kinésithérapeutes. Ces portails sont également la plupart du temps exclus du champ des IFMK. Cette absence interroge sur les capacités à terme d’actualisation des connaissances des instituts et des professionnels.

La recherche en kinésithérapie apparait dans une UE plus large : UE 30 "Méthodes de travail et méthodes de recherche en kinésithérapie "
La notion de métrologie (la base de toute activité sensée faire des diagnostics) n’apparait nulle part. Les termes de "fiabilité et reproductibilité" (les deux termes sont employés ensembles, ce qui pose la question du sens qu’on leur attribue) apparaissent périodiquement dans les modalités d’évaluation mais à aucun moment dans le contenu de formation. Les JFK ou le CIFEPK montrent depuis des années une évolution scientifique majeure dans les communications. Les sociétés savantes et le conseil de l’ordre assurent la promotion de ces approches. La mise en forme concrète dans les programmes de formation serait-elle plus difficile ?

A suivre…