C’est ce qu’on peut se demander à la lecture de cette étude sur les effets de la récupération active. Dès que l’on parle d’activité physique, le moment de l’échauffement et de la récupération sont sacralisés comme des instants incontournables. Les étirements ont pris un coup de vieux lorqu’on a pu démontrer qu’ils n’avaient pas d’influence sur la récupération ni sur la prévention des douleurs musculaires, cette fois ci, c’est la récupération active qui est sur la sellette.

Les biens faits présumés de la récupération active sont légions :
Sur le plan biologique :
taux de lactate dans le sang
taux de lactate dans les tissus musculaires
marqueurs de lésions tissulaires
neurotransmetteur
re-synthèse du glycogène
Sur le plan fonctionnel :
récupération cardiaque et respiratoire
meilleure thermorégulation
meilleure amplitude articulaire (diminution des raideurs)
Sur le plan des performance :
meilleure performance le jour même
meilleure performance le lendemain
Sur le plan psychologique :
meilleur sommeil
meilleure auto-perception
régulation de l’humeur
Sur le plan des effets à long terme
prévention des blessures
meilleure adaptation à l’effort

Que dit la recherche sur chacun de ces points : c’est ce qu’ont cherché à savoir Bas Van Hooren et Jonathan M. Peake respectivement de l’institut des sports néerlandais à Eindhoven et de l’université du Queensland en Australie.

Ils ont du pour cela rassembler les études de l’impact des techniques de récupération active sur ces différentes paramètres. La plupart des études sont réalisées en comparant cette techniques aux techniques non actives.

Les résultats sont surprenants.
En dehors du taux de lactate dans le sang qui diminue dans la récupération active (démontré par plus de 18 études, 1 non concluante et une montrant l’inverse, ce qui en terme statistique est normal), les autres critères restent sur un majorité de résultat non concluant.
Et encore, il n’est pas démontré que le taux de lactate dans le sang accélère la baisse du taux de l’actate dans les muscles, ni que l’acidose soit liée à sa concentration. Il est même étonnant de constater que ce taux de lactate n’a pas d’influence sur le performance du lendemain !
une récupération active peut partiellement empêcher la diminution du nombre de cellules immunitaires en circulation après un exercice mais on ignore si cela entraîne également moins d’infections et de maladies. Elle peut également entraîner une récupération plus rapide des systèmes cardiovasculaire et respiratoire, mais il reste à déterminer si cela entraînera une réduction du nombre de syncopes et de complications cardiovasculaires post-exercice. Elle ne réduit pas de manière significative les douleurs musculaires d’apparition retardée ni n’améliore la récupération des marqueurs indirects de lésion musculaire. Elle ne modifie pas de manière significative la récupération des propriétés neuromusculaires et contractiles, n’améliore pas l’amplitude des mouvements ni n’atténue la rigidité musculo-tendineuse et peut même interférer avec la resynthèse du glycogène (aspect négatif). La récupération active ne facilite généralement pas de manière significative la récupération des concentrations hormonales et n’affecte pas non plus les mesures de récupération psychophysiologique.

Il faut donc en conclure que la récupération active n’est sans doute pas couverte de toutes les vertus qui lui sont habituellement attribuées mais l’étude à ses limites : elle se base sur des résultats impliquant des sujets non entrainés, peut être en est il autrement sur des athlètes confirmés, à voir !
Les participants eux, perçoivent la récupération active comme un moment important (bon c’est un peu normal, depuis le temps qu’on leur dit que c’est un moment important) et au vu des résultats, voila ce qui pourrait être recommandé :

(1) impliquer dans la récupération active des activités dynamiques réalisées à une intensité faible à modérée pour augmenter le flux sanguin, sans développer une fatigue supplémentaire importante.
(2) garder un impact mécanique faible afin d’empêcher le développement de lésions musculaires (supplémentaires) et de douleurs musculaires d’apparition retardée.
(3) être d’une durée de moins de 30 minutes pour éviter une interférence substantielle avec la resynthèse du glycogène.
(4) impliquer un exercice préféré par l’athlète individuel. Certaines preuves suggèrent également qu’une récupération active devrait impliquer les mêmes muscles que ceux utilisés lors de l’activité précédente.

Commentaire AK :
Vous allez voir, à un moment nous allons retomber sur la phrase de Churchill concernant sa longévité : "no sport"

Do We Need a Cool-Down After Exercise? A Narrative Review of the Psychophysiological Effects and the Effects on Performance, Injuries and the Long-Term Adaptive Response