Les patients devaient compléter une lettre à propos de leur vie avec leur douleur chronique (sur place ou éventuellement à la maison si ils n’avaient pas assez de temps). On leur demandait notamment de s’exprimer sur leurs pensées et leurs émotions les plus profondes en pensant aux changements intervenus après le diagnostic de leur douleur chronique, durant leurs traitements, à l’heure actuelle, etc. Ils complétaient des questionnaires évaluant leur catastrophisme (Pain Catastrophizing Scale – PCS), leur neuroticisme (Neuroticism and Pain Severity) et la sévérité de leur douleur (Pain Severity du Multidimensional Pain Inventory – MPI). Leurs écrits étaient ensuite analysés avec un logiciel de lexicométrie (LIWC2007 program). Les auteurs se sont intéressés à 8 catégories linguistiques : les pronoms à la première personne du singulier (je, mon, mien, etc.), les pronoms se référant à d’autres personnes, les mots en lien avec des affects (4 sous catégories : anxiété, colère, tristesse et émotions positives) et les mots en lien avec des cognitions (causalité et insight – traduit ici par le niveau de conscience du trouble).
En moyenne le nombre de mots utilisés par les individus étaient de 273.8 (SD = 173.4). Le score moyen au PCS était de 23.5 (SD = 11.8). Le catastrophisme était significativement associé à un emploi plus important des pronoms à la première personne du singulier (r = .27, p =. 03) et des pronoms se référant aux autres (r = .28, p = .02). Pour les mots à consonance affectives, il existait une association entre le catastrophisme et l’emploi de mots indiquant la tristesse (r = .35, p = .003) et la colère (r = .30, p = .01) mais pas de corrélation avec les mots indiquant l’anxiété. Une analyse par régression multiple des paramètres linguistiques prédisant le catastrophisme a été proposé : en contrôlant différents paramètres comme l’âge, le genre, l’intensité de la douleur ou encore le neuroticisme, les catégories de mots utilisés expliquaient 13.6% de la variance du catastrophisme ; ses prédicteurs significatifs étaient l’utilisation de mots dénotant la tristesse et les pronoms à la première personne du singulier.
Références