Introduction
Il est démontré que les exacerbations ont un impact négatif sur les capacités fonctionnelles des patients atteints de pathologies respiratoires chroniques. Le déclin de la fonction musculaire peut se produire rapidement durant la phase d’hospitalisation. La réhabilitation respiratoire après exacerbation a démontré son efficacité sur l’amélioration de la dyspnée, de la tolérance à l’effort, la qualité de vie et sur le taux de réadmission à l’hôpital.
Cet essai clinique randomisé a évalué l’effet d’une intervention de réhabilitation, mise en œuvre immédiatement après l’admission à l’hôpital pour une exacerbation aiguë, sur le taux de réadmission à l’hôpital.
Méthodes
Plan d’étude
Cette étude est un essai randomisé contrôlé en simple aveugle réalisé sur deux hôpitaux du Royaume Unis. Les patients ont été répartis au hasard à un des deux groupes suivant : un groupe de « réadaptation précoce » et un groupe de « soins habituels ». A la sortie de l’hôpital, les patients randomisés au groupe « réadaptation précoce » devaient poursuivre le programme de réhabilitation fourni par l’équipe soignante à leur domicile, jusqu’à atteindre 6 semaines d’entraînements (durée hospitalière + durée à domicile). Les résultats ont été mesurés au début de l’essai, à la sortie de l’hôpital, à six semaines, à 3 mois et à 12 mois.
Population étudiée
Critères d’inclusions : diagnostic de maladie respiratoire chronique (BPCO, asthme chronique, dilatation des bronches ou maladie pulmonaire interstitielle)
Groupe soins courant
Techniques de drainage bronchique, évaluation et supervision de la marche, et des conseils sur l’abandon du tabac. La réhabilitation respiratoire ambulatoire a été offerte à tous participants de l’étude trois mois après la sortie de l’hôpital.
Groupe de réadaptation précoce
Les patients affectés au groupe intervention ont commencé la réhabilitation dans les 48 premières heures d’hospitalisation. Les patients ont eu un programme d’entraînement en aérobie (marche rapide à 85% de leur VO2 max, avec une dyspnée comprise entre 3 et 5 sur l’échelle de Borg modifiée), du renforcement musculaire et de l’électrostimulation (Fréquence à 50Hz, 30 min par jour) tous les jours durant leur hospitalisation. Au cours de l’hospitalisation, les patients ont bénéficié de séance d’éducation thérapeutique sur l’autogestion des soins.
A la sortie, les participants ont effectué un programme de réhabilitation à leur domicile sans surveillance, jusqu’à atteindre 6 semaines d’entraînement (hôpital+domicile). Des consultations téléphoniques ont été réalisées régulièrement pour s’assurer de l’observance des patients.
Résultats
Résultats primaires et secondaires
Le critère d’évaluation principal était le taux de réadmission à l’hôpital sur 12 mois.
Les critères d’évaluations secondaires étaient l’évaluation de la capacité fonctionnelle, le nombre de jours d’hospitalisations au cours des 12 mois et la mortalité.
389 participants ont été recrutés : 196 ont été randomisés à la rééducation précoce et 193 ont été randomisés dans le groupe de soins courants.
Aucune différence statistiquement significative pour les mesures et les caractéristiques des patients n’a été observée entre le groupe « intervention » et le groupe de soins habituels au départ.
A12 mois, aucune différence statistiquement significative n’est mise en évidence entre les deux groupes sur le taux de réadmission à l’hôpital dans l’année et sur le nombre de jours hospitalisés.
Le taux de mortalité des patients était de 25% pour le groupe réhabilitation précoce versus 16% pour le groupe soin courant à 12 mois avec un Odds ratio à 1,74 (1.05 – 2.88) (p=0,03).
Une amélioration significative de la capacité à l’effort a été retrouvée dans les deux groupes avec une tendance de gain plus important en faveur du groupe « intervention ». Une amélioration significative sur le test d’endurance à 6 semaines a été observée pour le groupe intervention versus soins habituels. Cependant, cette différence n’était pas significative à 3 mois. Les auteurs émettent l’hypothèse que les soins kinésithérapiques habituels peuvent suffire pour limiter le déconditionnement lors de la période hospitalière.
Discussion :
Les résultats de cette étude sont plutôt inattendus. Selon les auteurs, il est probable que la réhabilitation a été peu efficace car l’intensité d’exercice était moins importante que dans les programmes traditionnels (limitée par l’exacerbation). Même si celle-ci a été pratiquée tous les jours, la durée moyenne de séjour à l’hôpital était de 5 jours, ce qui limite le nombre de séances. De plus, la surveillance du programme à domicile a été effectuée par assistance téléphonique, il est donc possible que l’intensité d’exercice réalisé par les patients était insuffisante pour produire un bénéfice pour la santé.
Selon les auteurs, il est peu probable que 6 semaines d’entraînements soient responsables d’une mortalité des patients plus importante dans le groupe intervention. Ils acceptent que cette observation ait pu être due au hasard. Cependant, ils n’excluent pas le fait que l’intervention (réhab + éducation thérapeutique) ait pu modifier les comportements des patients liés aux soins et engendrer une diminution ou un retard des consultations médicales lors d’épisodes aigus (ceci a déjà été vu dans des essais sur l’éducation thérapeutique). Conformément à cela, l’observance du programme ambulatoire réalisé 3 mois après l’hospitalisation était moins bonne dans le groupe « réadaptation précoce » que dans le groupe « soins habituels ».
Conclusion :
L’admission à l’hôpital pour une exacerbation aiguë dans les maladies respiratoires chroniques peut diminuer la capacité fonctionnelle des patients, qui à son tour peut être améliorée par la réhabilitation respiratoire. Toutefois, cette étude suggère qu’il est important d’être prudent avec la réhabilitation pendant la phase d’exacerbation afin de ne pas porter de préjudice.
Neil J Greening, Johanna E A Williams, Syed F Hussain, Theresa C Harvey-Dunstan, M John Bankart, Emma J Chaplin, Emma E Vincent, Rudo Chimera, Mike D Morgan, Sally J Singh, Michael C Steiner.
An early rehabilitation intervention to enhance recovery during hospital admission for an exacerbation of chronic respiratory disease: randomised controlled trial,
BMJ, 2014.
Il est démontré que les exacerbations ont un impact négatif sur les capacités fonctionnelles des patients atteints de pathologies respiratoires chroniques. Le déclin de la fonction musculaire peut se produire rapidement durant la phase d’hospitalisation. La réhabilitation respiratoire après exacerbation a démontré son efficacité sur l’amélioration de la dyspnée, de la tolérance à l’effort, la qualité de vie et sur le taux de réadmission à l’hôpital.
Cet essai clinique randomisé a évalué l’effet d’une intervention de réhabilitation, mise en œuvre immédiatement après l’admission à l’hôpital pour une exacerbation aiguë, sur le taux de réadmission à l’hôpital.
Méthodes
Plan d’étude
Cette étude est un essai randomisé contrôlé en simple aveugle réalisé sur deux hôpitaux du Royaume Unis. Les patients ont été répartis au hasard à un des deux groupes suivant : un groupe de « réadaptation précoce » et un groupe de « soins habituels ». A la sortie de l’hôpital, les patients randomisés au groupe « réadaptation précoce » devaient poursuivre le programme de réhabilitation fourni par l’équipe soignante à leur domicile, jusqu’à atteindre 6 semaines d’entraînements (durée hospitalière + durée à domicile). Les résultats ont été mesurés au début de l’essai, à la sortie de l’hôpital, à six semaines, à 3 mois et à 12 mois.
Population étudiée
Critères d’inclusions : diagnostic de maladie respiratoire chronique (BPCO, asthme chronique, dilatation des bronches ou maladie pulmonaire interstitielle)
Groupe soins courant
Techniques de drainage bronchique, évaluation et supervision de la marche, et des conseils sur l’abandon du tabac. La réhabilitation respiratoire ambulatoire a été offerte à tous participants de l’étude trois mois après la sortie de l’hôpital.
Groupe de réadaptation précoce
Les patients affectés au groupe intervention ont commencé la réhabilitation dans les 48 premières heures d’hospitalisation. Les patients ont eu un programme d’entraînement en aérobie (marche rapide à 85% de leur VO2 max, avec une dyspnée comprise entre 3 et 5 sur l’échelle de Borg modifiée), du renforcement musculaire et de l’électrostimulation (Fréquence à 50Hz, 30 min par jour) tous les jours durant leur hospitalisation. Au cours de l’hospitalisation, les patients ont bénéficié de séance d’éducation thérapeutique sur l’autogestion des soins.
A la sortie, les participants ont effectué un programme de réhabilitation à leur domicile sans surveillance, jusqu’à atteindre 6 semaines d’entraînement (hôpital+domicile). Des consultations téléphoniques ont été réalisées régulièrement pour s’assurer de l’observance des patients.
Résultats
Résultats primaires et secondaires
Le critère d’évaluation principal était le taux de réadmission à l’hôpital sur 12 mois.
Les critères d’évaluations secondaires étaient l’évaluation de la capacité fonctionnelle, le nombre de jours d’hospitalisations au cours des 12 mois et la mortalité.
389 participants ont été recrutés : 196 ont été randomisés à la rééducation précoce et 193 ont été randomisés dans le groupe de soins courants.
Aucune différence statistiquement significative pour les mesures et les caractéristiques des patients n’a été observée entre le groupe « intervention » et le groupe de soins habituels au départ.
A12 mois, aucune différence statistiquement significative n’est mise en évidence entre les deux groupes sur le taux de réadmission à l’hôpital dans l’année et sur le nombre de jours hospitalisés.
Le taux de mortalité des patients était de 25% pour le groupe réhabilitation précoce versus 16% pour le groupe soin courant à 12 mois avec un Odds ratio à 1,74 (1.05 – 2.88) (p=0,03).
Une amélioration significative de la capacité à l’effort a été retrouvée dans les deux groupes avec une tendance de gain plus important en faveur du groupe « intervention ». Une amélioration significative sur le test d’endurance à 6 semaines a été observée pour le groupe intervention versus soins habituels. Cependant, cette différence n’était pas significative à 3 mois. Les auteurs émettent l’hypothèse que les soins kinésithérapiques habituels peuvent suffire pour limiter le déconditionnement lors de la période hospitalière.
Discussion :
Les résultats de cette étude sont plutôt inattendus. Selon les auteurs, il est probable que la réhabilitation a été peu efficace car l’intensité d’exercice était moins importante que dans les programmes traditionnels (limitée par l’exacerbation). Même si celle-ci a été pratiquée tous les jours, la durée moyenne de séjour à l’hôpital était de 5 jours, ce qui limite le nombre de séances. De plus, la surveillance du programme à domicile a été effectuée par assistance téléphonique, il est donc possible que l’intensité d’exercice réalisé par les patients était insuffisante pour produire un bénéfice pour la santé.
Selon les auteurs, il est peu probable que 6 semaines d’entraînements soient responsables d’une mortalité des patients plus importante dans le groupe intervention. Ils acceptent que cette observation ait pu être due au hasard. Cependant, ils n’excluent pas le fait que l’intervention (réhab + éducation thérapeutique) ait pu modifier les comportements des patients liés aux soins et engendrer une diminution ou un retard des consultations médicales lors d’épisodes aigus (ceci a déjà été vu dans des essais sur l’éducation thérapeutique). Conformément à cela, l’observance du programme ambulatoire réalisé 3 mois après l’hospitalisation était moins bonne dans le groupe « réadaptation précoce » que dans le groupe « soins habituels ».
Conclusion :
L’admission à l’hôpital pour une exacerbation aiguë dans les maladies respiratoires chroniques peut diminuer la capacité fonctionnelle des patients, qui à son tour peut être améliorée par la réhabilitation respiratoire. Toutefois, cette étude suggère qu’il est important d’être prudent avec la réhabilitation pendant la phase d’exacerbation afin de ne pas porter de préjudice.
Neil J Greening, Johanna E A Williams, Syed F Hussain, Theresa C Harvey-Dunstan, M John Bankart, Emma J Chaplin, Emma E Vincent, Rudo Chimera, Mike D Morgan, Sally J Singh, Michael C Steiner.
An early rehabilitation intervention to enhance recovery during hospital admission for an exacerbation of chronic respiratory disease: randomised controlled trial,
BMJ, 2014.