Cette note a été rédigée à partir du masterclass de Gwen Jull dans le livre "Manual Therapy Masterclasses: The Vertebral Column"

La cause des céphalées ou maux de tête cervicogéniques est souvent multifactorielle et implique les 3 premiers étages vertébraux (de C0 à C3), ainsi que des problèmes de contrôle moteur en terme d’activation, d’endurance et de posture.
Un bonne prise en charge repose sur une évaluation et un traitement ciblé de chaque composante.

Mais, préalablement, il est nécessaire d’avoir effectué un bon diagnostic différentiel et de s’assurer qu’il s’agit bien de céphalées cervicogéniques et non d’un autre type (ex: céphalée de tension, migraine) qui requiert une évaluation physique et un traitement différent.

N.B: L’international Headache Society a établi une classification (complexe !) des maux de têtes

La présence de composantes cervicales (articulaire, neuro-musculaire, neural…) est plutôt propre au maux de têtes cervicogèniques mais faire un diagnostic différentiel adéquat peut être une chose difficile car des maux de tête non-cervicogèniques peuvent être accompagnés de signes cervicaux, notamment pour les migraines et les céphalées de tension.
D’autre part, il existe des formes mixte de maux de tête (pour lesquels la physiothérapie n’offrira qu’une amélioration partielle des symptômes).

Cette note a pour but de s’intéresser à la symptomatologie et à l’histoire du patient pour aider notre diagnostic différentiel.

-Les maux de têtes cervicogèniques sont préférentiellement unilatéraux mais peuvent être bilatéraux avec un côté prédominant.
La description d’un mal de tête "en bande", bilatéral ou prenant toute la tête est plus typique d’une céphalée de tension.
Le mal de tête cervicogènique est donc caractérisé par un côté et ne devrait pas en changer entre les épisodes, cette symptomatologie étant plus caractéristique des migraines.

-Les maux de tête cervicogèniques sont typiquement associés à des douleurs cervicales et/ou sous-occipitales, le plus caractéristique étant que les début des symptômes du patient commence dans le cou avant de s’étendre vers les régions de la tête. Pour les migraines, c’est l’inverse, les symptômes commençent au niveau de la tête, ceux du cou arrivant plus tard.

-Pour les maux de têtes cervicogèniques, les douleurs ressenties à la tête ont aussi leurs caractéristiques propres. Il s’agit souvent de douleurs cervicales et sous-occipitales irradiant les régions frontales, rétro-orbitales, et temporales. Ceci reflète la plus grande représentation de la division ophtalmique dans le noyau trigéminocervical.

-Il y a peu de relations entre la région de la douleur et un segment cervical particulier (NDLR: ce qui signifie que la fameuse et simpliste "névralgie d’Arnold" émanant de C2 n’existerait pas ?)

-La présence de symptômes dans la région mandibulaire et maxillaire devrait nous orienter vers l’évaluation du complexe crânio-mandibulaire pour exclure cette origine.

-L’intensité de la douleur peut être légère, modérée ou sévère pour les maux de tête cervicogèniques (bien qu’elle soit plus communément modérée).
Il peut y avoir des fluctuations pendant ou entre les épisodes de maux de tête, ce qui est différent de la migraine qui progresse vers une intensité sévère et ce à chaque épisode.

-D’autres symptômes peuvent accompagner les maux de tête cervicogèniques parmi lesquels, des nausées, des étourdissements, des perturbations visuelles; mais ces symptômes ne sont pas dominants comme ils peuvent l’être dans d’autres types de migraine ou maux de tête.

-Le fréquence et la durée des maux de tête peuvent être des éléments caractéristiques pour un diagnostic différentiel car certaines migraines chroniques ou céphalées de tension ont un schème temporel caractéristique. En revanche, les maux de tête cervicogèniques ne présente pas vraiment de schème particulier. Ils sont souvent déclenchés par des postures soutenues ou des mouvements mais les patients ont souvent des difficultés à reconnaître des facteurs aggravants et soulageants (pour certains patients s’allonger, se reposer, ou prendre des analgésiques peuvent soulager).
Le manque de réponse aux médicaments peut être signe d’autre type de maux de tête.

-Les stress peut être facteur provocant et sa prise en charge peut être déterminante mais ceci est commun pour beaucoup de maux de tête.

-Les maux de tête cervicogèniques se produisent à tous les âges et sont souvent reliés à un trauma, à de la dégénérescence articulaire, ou à des problèmes de sédentarité et de "mauvaises" postures.

-Comme pour beaucoup de formes de mal de tête, les femmes sont plus touchées, ce qui n’est pas le cas pour les migraines.

Référence
i[Manual Therapy Masterclasses: The Vertebral Column. Karen S Beeton, ed. London, Churchill Livingstone-Elsevier Science, 2003, hardback, 239 pp]