Les neuro-myopathies acquises en réanimation (NMAR) sont souvent décelables après plusieurs jours de ventilation mécanique et peuvent induire une incapacité fonctionnelle durant plusieurs années.
Un quart des patients sous ventilation mécanique prolongée ont un risque de développer une NMAR. Celle-ci peut allonger la durée de ventilation mécanique et être associée à une mortalité accrue.
 
L’hyperglycémie dans les maladies graves est souvent la conséquence de l’inflammation (provoquant une insulino-résistance), de l’immobilité et d’une néoglucogenèse hépatique accrue. L’hyperglycémie a fait l’objet de plusieurs études sur des patients en réanimation, notamment au niveau des traitements par insulinothérapie intensive (ITI). Ces études ont démontré que l’apport d’ITI aurait une incidence sur la diminution des NMAR (identifiée par électromyogramme). Néanmoins, des essais récents mettent en avant une augmentation du risque de mortalité lorsque l’ITI n’est pas bien dosée.
 
L’activité physique est elle aussi connu pour améliorer l’hyperglycémie dans les pathologies insulino-résistantes et présente un effet anti-inflammatoire suggérant son effet synergique possible dans la prévention des NMAR.
 
L’objectif de cette étude était de déterminer l’impact de la réhabilitation précoce chez des patients en réanimation sur les NMAR et le contrôle de la glycémie.
 
Matériel et méthode
 
Cette étude est une analyse secondaire d’un essai contrôlé randomisé sur 104 patients de réanimation. Les patients ont été répartis aléatoirement entre les groupes suivants : « réhabilitation précoce » dans les 72 h de la ventilation ou « soins courants ». Tous les patients ont été inscrits dans un protocole de sédation (arrêt quotidien de la sédation) afin de sevrer la ventilation mécanique.
Les doses totales d’insulines quotidiennes et le taux de glucose ont été recueillis au cours du séjour.
 
Résultats :
L’âge et la gravité de la maladie (APACHE II) ont été associés à une probabilité accrue de développer une NMAR. Cependant, la réhabilitation précoce diminue le risque d’apparition d’une NMAR (Odds ration à 0,18 p =0,003).
L’administration d’insuline a aussi été protectrice contre les NMAR.
Les patients du groupe « réhabilitation précoce » ont nécessité de moins d’insuline que le groupe « soins habituels » pour atteindre les objectifs glycémiques.
 
Discussion :
Les données suggèrent que l’incidence de NMAR diminue significativement avec l’ITI. Cependant, l’ajout de réhabilitation précoce est associé à une réduction plus importante du risque de NMAR. D’après les résultats, l’immobilité semble être le facteur de risque le plus important de NMAR.
 
Conclusions des auteurs :
La réhabilitation précoce peut être préférable à une insulinothérapie intensive et semble avoir une activité plus élevée dans la prévention des NMAR, probablement en raison de ses effets sur la restauration de l’homéostasie du glucose et de prévention de l’amyotrophie. Ainsi, la mobilisation précoce peut fournir un mécanisme physiologique pour vaincre les résistances à l’insuline des patients en réanimation. Des études de plus forte puissance sont nécessaires pour confirmer ces résultats.

Abstract

BK. Patel, AS. Pohlman, JB. Hall, JP. Kress. Impact of Early Mobilization on Glycemic Control and ICU-Acquired Weakness in Critically Ill Patients Who Are Mechanically Ventilated, CHEST, 2014, 146 ( 3 ): 583 – 589