Il n’existe pas à ce jour de preuve scientifique solide de l’efficacité de l’ostéopathie et de sa philosophie et de sa thérapie holistiques. Dans le cadre du débat actuel autour de la reconnaissance de l’ostéopathie, il est fait mention à tort d’un tronc commun entre l’ostéopathie, d’une part, et la thérapie manuelle, au titre de spécialisation de la kinésithérapie, d’autre part. Il s’agit de deux concepts très éloignés. La thérapie manuelle est une composante de la médecine occidentale, fait l’objet d’un enseignement basé sur un raisonnement clinique ‘evidence based’ et donne lieu à une évaluation systématique de la recherche scientifique. L’ostéopathie quant à elle a, de tout temps, fait partie de la médecine non conventionnelle et repose sur des dogmes.
Les doyens des facultés de médecine flamandes, les formations universitaires de kinésithérapie flamandes (OVUNOKI), les formations universitaires de kinésithérapie wallonnes de l’UCL et de l’ULG, l’organisation professionnelle belge des kinésithérapeutes (Axxon), l’organisation des thérapeutes manuels (MaThera) et les étudiants en médecine ont clairement fait savoir à la ministre Onkelinx qu’ils ne sont pas favorables à la reconnaissance d’une thérapie alternative sans aucun fondement scientifique. En outre, le Conseil national de la kinésithérapie, qui a pour mission de donner des avis à la ministre, a rendu un avis négatif en des termes parfaitement clairs concernant la proposition relative à l’ostéopathie. Le Conseil national renvoie à cette occasion au rapport du Centre fédéral d’expertise des soins de santé (KCE) où il est écrit que l’absence de fondement scientifique de l’ostéopathie contraste avec la demande d’enseignement académique. Même le Conseil d’Etat a rejeté la proposition par manque d’une définition claire de l’ostéopathie.
La ministre fait toutefois fi de tous ces avis et prépare, dans un calme imperturbable, un arrêté royal en vue de la reconnaissance d’une ‘partie de l’ostéopathie’ (la partie neuro-musculo-squelettique), ‘provisoirement’ sans remboursement et à la condition qu’une formation universitaire soit suivie. Un traitement chez un ostéopathe ne nécessiterait pas de prescription médicale tandis qu’un traitement chez un kinésithérapeute ou chez un thérapeute manuel n’est autorisé que sur prescription médicale.
Les facultés de médecine et les formations de kinésithérapie flamandes, ainsi que l’UCL et l’ULG du côté francophone, ne sont pas disposées à proposer l’ostéopathie dans leur programme d’enseignement. L’enseignement académique est par définition basé sur les résultats de la recherche scientifique qui sont insuffisants à l’heure actuelle en ce qui concerne l’ostéopathie.
L’université francophone de l’ULB est la seule université belge à organiser une formation en ostéopathie.
Les signataires du présent document s’opposent , au nom des organisations ou institutions qu’ils représentent, à :
- la reconnaissance d’une thérapie non conventionnelle pour laquelle il n’existe pas de preuve scientifique suffisante,
- la reconnaissance au niveau fédéral d’une profession dans les soins de santé sans qu’un contenu qualitatif de l’enseignement ne puisse être garanti au niveau des Communautés
- la reconnaissance d’une composante spécifique de l’ostéopathie qui est de ce fait tirée de son contexte et de sa philosophie, de telle sorte que, pour le patient, la distinction avec la kinésithérapie régulière et plus particulièrement avec la thérapie manuelle devient trop vague,
- la possibilité d’octroyer un accès direct à l’ostéopathie.
Au nom des doyens des facultés de médecine
Prof. Dr Paul Van Royen
Au nom de l’OVUNOKI (Overlegkoepel Vlaamse Universitaire Opleidingen Revalidatiewetenschappen en Kinesitherapie)
Prof. Dr. Dirk Vissers
Au nom de l’organisation professionnelle des kinésithérapeutes (Axxon)
M. Luc Vermeeren
Au nom de l’organisation des thérapeutes manuels (MATHERA)
Prof. Dr Peter Vaes
Au nom des formations universitaires de kinésithérapie francophones de l’UCL
Prof. Dr Laurent Pitance