Il n’est pas rare de trouver des cabinets de kinésithérapie dont la spécialité est devenue l’application des ondes de choc, ce qui n’a rien d’étonnant au regard de l’investissement nécessaire pour l’acquisition du matériel requis. Les discours des patients vont parfois de pair avec cette technique alors hautement valorisée, "un cabinet spécialisé", vous connaissez le discours : "mon cousin, un copain de travail, le voisin s’est fait traité sa tendinite avec des ondes de choc, depuis il va tellement bien qu’il a repris la course, 10 km, il trainait ça depuis des années, ça a été radical, etc, etc".
Au dela du discours et des pratiques, parlons de l’effet mesuré. C’est le propos de l’étude : "The effectiveness of extracorporeal shockwave therapy in common lower limb conditions: a systematic review including quantification of patient- rated pain reduction".
Cette revue systématique étudie les effets mesurés des ondes de choc sur cinq régions des membres inférieurs : le syndrome du grand trochanter, la tendinopathie femoro-patellaire, la tendinopathie proximale des ischiojambiers, le syndrome de stress tibial (périostite) et la tendinopathie achiléenne.
Après avoir sélectionner 32 études, 8 sont écartées pour absence de groupe comparatif, 7 avec groupe contrôle mais non randomisé, 2 pour des échantillons de trop petite taille, une pour doublon, une dernière pour une comparaison indirecte.
Il ne reste donc que 13 études de bonne méthodologie pour étudier l’effet réel, avec au final de faible risque de biais.
Les critères de jugement sont à peu près toujours les mêmes, douleur et fonctionnalité.
Les résultats sont très variés mais globalement, la hauteur des preuves reste faible :

Comparaison OC et placebo
Preuve modérée, pas de différence entre les OC et un placebo. Il faut aller dans l’étude de Zwerver J. pour savoir ce qu’est un placebo dans ce cas, il s’agit simplement de supprimer le gel de transmission, la mesure des ondes transmises est alors négligeable.
Sur le syndrome douloureux du grand trochanter
Faible preuve en faveur de l’injection de corticoïdes à court terme et de faible preuve en faveur des OC à long terme.
Sur le syndrome de stress du tibia
Pas de preuve d’un effet positif, les quelques études qui en parlent ont de trop petits échantillons pour conclure
La tendinite femoro-patellaire
Faible preuve en faveur des OC à court et à long terme.
Pour les ischiojambiers tendinopathie chronique proximale
Preuves modérées de la supériorité des OC sur un traitement classique
Tendon achiléen
On distingue pour celui ci deux zones, la jonction tendon-fibres musculaires et l’insertion calcanéenne.
Insertion : Faible preuve que les OC sont supérieures à un traitement classique (travail excentrique)
Jonction : Faible preuve pour une équivalence avec un placebo

En résumé, certains résultats sont inexistants comme sur la partie médiale du triceps ou le stress tibial.
D’autres sont médiocres comme sur le grand trochanter.
D’autres enfin meilleur sur l’insertion achiléenne ou les ischiojambiers.
Mais dans le meilleur des cas, on ne parle que de preuve modérée.

Alors? solution miracle ? surement pas, mais pour certaines zones, cette approche peut être, dans l’état actuelle des connaissances, une option intéressante.
Ces résultats sont plutôt conformes à ce que l’on trouve dans toutes les techniques évaluées par la science : aucune n’est universelle, certaines sont à jeter, mais la plupart sont à utiliser en fonction des régions et des pathologies abordées.
Enfin les effets sont toujours de petite taille (ce qui ne veut pas dire qu’ils soient négligeables pour le patient, ils peuvent revêtir une grande importance fonctionnelle et de qualité de vie).

The effectiveness of extracorporeal shockwave therapy in common lower limb conditions: a systematic review including quanti cation of patient- rated pain reduction
No Effect of Extracorporeal Shockwave Therapy on Patellar Tendinopathy in Jumping Athletes During the Competitive Season