Les modalités optimales de réentraînement du patient BPCO sont...
Introduction : L’intensité d’exercice est considérée comme un élément clé du réentraînement du patient BPCO. Aucune revue systématique n’a investigué les effets de différents niveaux d’entraînement sur la capacité à produire un effort et sur la qualité de vie des patients BPCO. Cette revue Cochrane a comparé 2 niveaux d’intensités et 2 types d’entraînement (continu, interval-training).
L’analyse comparant interval training et entraînement continu constitue une mise à jour de la revue de Beauchamp publiée en 2010.

Méthodes
Patients inclus
BPCO avec VEMS/CV post-bronchodilatateurs < 0,7 (critères GOLD 2010).
Etudes incluses
Essais contrôlés randomisés proposant un entraînement des membres inférieurs de 12 séances ou plus et comparant les différents types ou intensités d’entraînement.
L’entraînement de haute intensité devait être à au moins 60 % du pic de puissance (en Watts).
Il fallait concernant le pic de puissance un écart d’au moins 10 % entre l’entraînement de faible et celui d’intensité élevée.

Facteurs étudiés et Critères de jugements
Principaux
La capacité à produire un effort évaluée par :
– une épreuve d’effort incrémentale (puissance maximale, pic de VO2, taux de lactate, dyspnée),
– une épreuve continue (sur cyclo-ergomètre, tapis de marche ou par un test navette d’endurance ESWT),
– un test fonctionnel (TDM6 ou test navette incrémental ISWT).

Secondaires
Dyspnée ou fatigue dans les membres inférieurs.
Qualité de vie par le St George (SGRQ), le CRDQ (Chronic Respiratory Disease Questionnaire), le SF-12 ou le SF-36.
Force musculaire.

Résultats
11 études ont été incluses comprenant 598 patients. 3 ont comparé les intensités et 8 les types d’entraînement (interval-training et continu).

Intensité d’entraînement
Résultats significatifs en faveur de l’intensité élevée pour le test d’effort incrémental (1 étude), pour la diminution de la dyspnée (1 étude) et la qualité de vie (1 étude).
Pas de différence significative mise en évidence par le TDM6 et l’épreuve d’endurance (hétérogénéité des 2 études retenues)
L’analyse de sensibilité n’a pu être réalisée qu’avec une étude et a montré une durée d’exercice supérieure de 3,9min dans le groupe intensité élevée par rapport au groupe intensité faible. Cela favorise donc la modalité d’intensité élevée.

Les types d’entraînement (continu vs interval-training)
Il n’y a pas de différences significatives entre les 2 types d’entraînement d’après les critères de jugement utilisés (test incrémental d’effort, test d’endurance, TDM6, Dyspnée, Fatigue des membres inférieurs, qualité de vie).
A noter que pour la dyspnée, les résultats non-significatifs étaient en faveur de l’interval-training. Pour la fatigue des membres inférieurs, ils étaient en faveur de l’entraînement continu.
L’analyse de sensibilité montre des résultats stables donc une absence d’hétérogénéité.

Conclusion des auteurs
Implications pour la pratique
Intensité d’entraînement : pas de conclusions possibles.
Type d’entraînement : le choix entre entraînement continu et en intervalles sera fait en fonction des préférences du patient et/ou du thérapeute.

Implications pour la recherche
Concernant l’intensité d’entraînement, il faudra de nombreuses autres études pour :
– Identifier les intensités minimales permettant d’obtenir des bénéfices et une compliance du patient
– Comparer les intensités pour un même volume total de travail et une même modalité (marche, vélo)
– Identifier les réponses à différentes intensités d’entraînement en fonction de la sévérité de la BPCO
– Evaluer l’impact d’un entraînement à la marche (à différentes intensités)

Concernant le type d’entraînement, d’autres études sont nécessaires pour :
– Comparer les 2 modalités à un même niveau d’intensité et avec un niveau de travail équivalent
– Déterminer si les patients BPCO sont capables de réaliser et de mieux tolérer des efforts avec un volume de travail important lors d’un entraînement en interval-training.

Les modalités optimales de réentraînement du patient BPCO sont...
Analyse d’Actukine
Intensité
De nombreux points méthodologiques nous font relativiser ces résultats.
La qualité des preuves va de faible à modérée en raison de la méthodologie des études publiées qui présentent toutes des biais possibles.
Il y a un faible nombre d’études (3) et donc une faible population (231).
Les écarts entre les modalités élevée et faible d’intensité vont de 30 points dans une étude (80 % et 50 % de la puissance max) à 20 points dans 2 autres (80 % et 60 % de la puissance max).
Il faut donc se questionner sur qu’est-ce qu’une basse intensité ? Une absence de fatigue dans les membres inférieurs ? Une absence ou une faible dyspnée ? Une fréquence cardiaque en dessous du seuil ventilatoire n°1 (SV1) ?

Type
Le volume total de travail était identique que l’entraînement soit continu ou en interval-training.
Des biais sont possibles dans toutes les études sauf celle de Puhan parue en 2006 dans "Annals of Internal Medicine".
L’article de Sabapthy paru en 2004 dans la revue Thorax nous apprend que la modalité "interval-training" entraîne moins de perturbations métaboliques, permet une meilleure tolérance à l’effort, engendre moins de dyspnée et permet de développer des volumes de travail plus importants chez les BPCO.

Considérations méthodologiques
Méta-analyse bien réalisée en se basant sur les critères de M. Cucherat (DU Lecture Critique Lyon 1).

Nous savons que les patients BPCO sévères et très sévères (stades 3 et 4 GOLD) répondent positivement à l’électrostimulation de leurs quadriceps (Sillen 2009, Roig 2009).
Il faut donc déterminer quels patients répondront le mieux aux différents intensités ou types d’entraînement proposés.