Lecture critique : où comment aborder les informations avec des lectures différentes
Pour agrémenter le souhait de la rédaction d’ActuKiné à développer un esprit critique pour plus de compréhension de l’information qui nous entoure, prenons un exemple tout frais.

Le Canard enchaîné a publié mercredi un article sur les infections qui résultaient d’une mauvaise décontamination des sondes des examens endoscopiques.

Information reprise le jour-même par Huftington post !

Le palmipède ne diffusant pas de contenu sur sa version web, nous reprenons le document en ligne de Huffingtonpost pour en effectuer une lecture sous différents angles. Merci d’imprimer le texte de Huffingtonpost et de le lire et d’écrire ce que vous en pensez avant de poursuivre la lecture de cette note. C’est important pour bénéficier au mieux du contenu à suivre.
Nous utilisons le vocabulaire le plus accessible possible pour aider à réaliser ce petit TD.

Lecture émotive : si la personne qui lit ce texte connaît un proche qui va recevoir cet examen. L’anxiété pourrait être accentuée et marquer d’autant plus la mémorisation de l’information (les émotions sont des catalyseurs pour mémoriser). Résultat le plus souvent obtenu : les personnes en parleront autour d’elles et diffuseront le message.

Lecture "analyse critique" : source citée en 2è niveau. Aller chercher la source originale "la député européenne Michèle Rivasi (EELV)" et éventuellement plus loin si elle-même cite sa source.
En effectuant une revue d’articles ou de différentes sources. Allez chercher les informations originales et non celles qui sont interprétées.
Deuxième point : comment ont été sélectionnées les différentes sources proposées ? Est-ce que la recherche documentaire d’articles a été faite "à charge" ou nous appuyons-nous sur une revue de littérature dite "systématique" (recherche documentaire s’appuyant sur une méthode de recherche d’articles structurées et dont la sélection suit des critères objectifs).
Est-ce que l’auteur est indépendant ou a cité ses liens d’intérêts ?
Résultat : ne pas lire pour ne pas être influencé par le contenu du texte.

Lecture critique : Le fait analysé : les sondes sont mal désinfectées en France.
Argumentaire : une étude hongkongaise est citée. La "validité externe" de cette information rapportée à la France n’est pas démontrée. Doute sur la justification de l’utilisation de ce document.

Etude de Lyon : infection à 3,5% mise en rapport avec celle de Hong Kong (échantillon de population équivalent ? examens endoscopiques équivalents ?). Quels sont les étalon-or pour comparer ce taux d’infection (à vérifier).

Etude de Laval : est-ce que le lien de causalité est établi entre la désinfection et l’infection ou est-ce que l’étude est une analyse de l’efficacité de la désinfection (les cacahuètes des bars sont également contaminées. Il faut différentier la "présence" et la "contamination") ? A explorer.

Le terme "potentiellement transmettre" est accolé à des risques majeurs (attraper le SIDA ou des hépatites). Dissocier les faits et les opinions (qui jouent sur les émotions). Quels sont les faits sur ce sujet ?

Date d’augmentation des problèmes 2007. La cause serait une décision politique et d’une instance légale ayant déclenchée la dégradation ensuite. Quelle étude avant-après a étudié cela ? Est-ce une opinion ou un fait ?
Résultat : chercher les études épidémiologiques ayant étudiées le lien de causalité entre la désinfection et les contaminations. L’infection est un phénomène multifactoriel qu’il faut explorer pour interpréter le poids des facteurs dans les infections.

"Analyse lobbyiste" : Le marché des sondes pour les examens endo-cavitataires pèse plusieurs milliards annuel. Est-ce que des groupes de communications ont produit des "documents supports" pour effectuer du lobbying et discréditer les examens sans sonde jetables ? L’objectif serait de promouvoir l’achat systématique de sondes jetables auprès de TOUS les patients. Le plan de communication étant construit en plusieurs temps pour convertir l’opinion.
Temps 1 : montrer que des infections existent dans les examens médicaux (c’est une évidence).
Temps 2 : utiliser des références "scientifiques" sélectionnées pour appuyer le problème et "politique" pour créer des polémiques.
Temps 3 : utiliser des groupes externes pour porter le projet.
Temps 4 : montrer que la résolution de problème est simple (acheter des produits alternatifs).

Résultat pour le lecteur critique : Rechercher les producteurs "sources" du rapport et leurs liens d’intérêts. Rechercher les positions ou les groupes alternatifs pour identifier les contre-arguments. Soumettre le texte à une analyse critique en effectuant une recherche documentaire systématique.

Analyse globale : L’exemple utilisé est hors-champs de la kinésithérapie (ou presque). Cela permet d’éviter l’influence de vos propres opinions sur le sujet avant lecture de l’article. La position initiale du sujet (si elle est tranchée) va orienter la manière d’interpréter la lecture du texte. Si vous avez peur de l’hôpital, vous serez enclin à davantage vous souvenir de cette information et enraciner vos craintes. Sans aborder les convictions/croyances politiques qui sont aussi un facteur d’influence possible sur ce texte.

Conclusion : ce petit exemple a pour ambition de vous permettre de prendre du recul par rapport au flux énorme d’informations qui vous submerge quotidiennement. L’interprétation des informations et l’analyse critique est une compétence majeure pour savoir "lire" et appréhender le monde qui vous entoure. Cela nécessite plus d’énergie et doit vous placer dans une position pro-active. Recevoir passivement l’information est un moyen de devenir esclave de l’environnement que l’on côtoie (ici l’information va être reprise par différents supports, dans les jours qui viennent. Parions-nous ?).

Vous pouvez critiquer librement ce contenu.

PS: ces exemples d’angles de vue d’une information ne sont pas exhaustifs. Ils permettent seulement de comprendre les axes vers lesquels, il est possible d’interpréter des informations.