Vous avez sans doute déjà entendu parler de Harriet Hall via Skepdoc ou encore quackwatch ou Skeptical Inquirer ou… bon, ne faites pas exprès non plus ! Harriett, c’est la jeune retraité qu’on rêverait d’avoir comme grand-mère : celle qui vous prépare un petit thé, de bons gâteaux et surtout qui raconte à ses petits enfants avant de s’endormir la vérité sur la naturopathie, l’ostéopathie cranio-sacrée, l’homéopathie, etc. Bref, pas vraiment des histoires pour des marmots avec des princes charmants qui guérissent la lombalgie chronique en une séance… Chez ActuKiné, on l’aime bien alors on a décidé de parler d’une petite série de vidéos abordant les « médecines alternatives » et mises en place par la fondation James Randi. Vous trouverez dans chacune des notes la vidéo en anglais accompagnée d’un petit récapitulatif des points importants abordés en français. Bonne lecture !

Première chose à définir dans cette note : qu’est-ce qu’une CAM ?

L’abréviation signifie "Complementary and Alternative Medicine", c’est-à-dire une médecine alternative complémentaire, c’est-à-dire pas grand-chose (CQFD)… Une définition de comptoir pourrait être "toutes les choses que l’on n’apprend pas en fac de médecine". Actuellement, ce serait une définition plutôt médiocre car les CAMs se sont invitées dans le paysage universitaire : c’est par exemple le cas de la chiropraxie, de l’ostéopathie cranio-sacrée ou encore de l’acupuncture.

Ces CAMs ont toujours été répertoriées sous un même vocable (un terme "parapluie") qui a changé avec le temps :
– Dans les années 70 on parlait de médecine alternative ("ne prenez pas votre traitement contre le cancer, vous êtes poisson ascendant vierge")
– Dans les années 80 on parlait de médecine complémentaire ("prenez votre traitement contre le cancer, mon homéopathie viendra renforcer vos défenses naturelles en plus du bifidus au coenzyme q10")
– Dans les années 90 on a fait une réforme type "éducation nationale" (= utiliser son dico des synonymes pour remplacer des mots de l’ancien programme) ; on s’est mis à parler de médecine intégrative ("il faut vous soigner totalement pour cette vilaine entorse : laissez-moi remettre en place votre sphénoïde par Vspread quantique")

Pour faire simple, il ne peut y avoir qu’une seule médecine : celle des traitements qui démontrent leur efficacité. Steven Novella associe les CAMs au monde du marketing et pas à celui de la Science : "Une CAM est une entité idéologique et pas scientifique. C’est une catégorie artificielle créée dans le but de promouvoir diverses pratiques en rapport à la santé qui sont stupides, frauduleuses et non testées. Il s’agit d’un excellent exemple de l’usage (et de la réussite) du langage en tant qu’outil de propagande. "

Quelles démarches intellectuelles autour des CAMS ?

Schématiquement, les CAMs passent de l’idée à son utilisation au chevet du patient sans passer par des phases de test. Elles sont principalement basées sur des anecdotes. Par-dessus tout, la démarche des CAMs est de prouver QUE cela marche, pas de savoir SI cela marche. Les CAMs attribuent souvent toutes les maladies à une seule cause. Finalement, le problème est qu’elles ont toutes des explications différentes et mutuellement exclusives. Ce n’est pas le cas de la pensée scientifique qui en reconnait plusieurs sous le vocable VINDICATE (Vascular Infectious/Inflammatory Neoplastic Drug/Toxins Intervention/Iatrogenic Congenital/developmental Autoimmune Trauma Endocrine/Metabolic)

Les CAMs et le placebo

Les CAMs ne sont pas plus efficaces qu’un placebo. Il s’agit pourtant d’un argument de fond très utilisé par les "vendeurs de CAMs" (jeu de mot présenté en 2017 à l’Eurovision des blagues qui… ah bah non, à l’eurovision tout court en fait) qui admettent en fin de discussion zététique que le plus important est l’effet et pas le mécanisme de l’effet. Pourtant la taille de ces effets semble plutôt petite et il est d’usage de considérer qu’un placebo n’a jamais guéri de maladie. La revue de Hrobjartsson de 2001 (c’est vieux !) comparant le placebo à l’absence de traitement ne montre pas de supériorité en faveur du placebo (sauf sur la douleur et les nausées). Quand une étude mentionne qu’il y a 32% d’amélioration dans le groupe placebo cela ne veut pas dire que le placebo a guéri 32% des gens…

Vers une meilleure définition des CAMs ?

Finalement, on pourrait proposer la définition suivante pour cette mauvaise CAM (un plan B pour l’eurovision) : "une médecine reposant tellement sur l’absence de preuves, de tests ou de plausibilité qu’elle n’a pas gagné sa place au sein de la médecine conventionnelle". Les CAMs sont un éventail de croyances et d’affirmations non plausibles à propos de la santé et de la maladie qui se rangent entre l’absurde et l’intestable jusqu’au possible mais pas vraiment fascinant. Dans tous les cas, "l’enthousiasme de ses défenseurs excède largement la promesse scientifique !".

à suivre…

Les conseils de lecture d’Hariett

– "Snake Oil Science" de R.Barker Bausell
– "Trick or treatment" de Singh et Ernst