Pour répondre à cette question du « où » des chercheurs, qui avaient le choix entre exterminer ces nabots, se crever les tympans ou rester sagement dans leur bobo qu’il est beau le labo, ont opté pour la troisième solution en proposant d’utiliser le body chart pour assister au triage des lombalgiques.

265271 patients se sont présentés dans 862 centres de soins de première ligne allemands. 133832 patients étaient porteurs d’une lombalgie. 19263 de ces patients (914 en aigu, 1018 en subaigu et 17331 en chronique) ont pu être inclus car ils n’avaient mal qu’au dos (exit les fibromyalgiques !). Ils ont ensuite été répartis en quatre groupes suivant leur dessin de la douleur (body chart) :
– Groupe 1 : zone douloureuse axiale lombaire et/ou thoracolombaire
– Groupe 2 : avec irradiation dans la cuisse
– Groupe 3 : avec irradiation jusqu’au mollet
– Groupe 4 : avec irradiation jusqu’au pied

Des paramètres épidémiologiques (genre, taille, poids, etc.) et un ensemble de questionnaires (PainDETECT, intensité douloureuse, Hannover Functional Ability Questionnaire, Pain Disability Index (PDI), Medical Outcomes Study Sleep Scale, Patient Health Questionnaire, Mainz Pain Staging System) étaient alors analysés. Cette batterie de tests était répétée lors d’un suivi des patients aigus et subaigus au-delà de la période de 3 mois (évaluation du passage en chronicité). Pour les chroniques, deux visites de suivis étaient organisées entre 3-12 mois puis 12-24 mois suivant la visite de base.

Résultats : au final, les auteurs ont retrouvé :
– Une absence de différence entre les groupes concernant les variables épidémiologiques, l’intensité de la douleur, la fonction, la qualité du sommeil et la dépression ;
– Une augmentation des scores au PainDETECT (avec la possibilité d’être positif) proportionnellement au caractère distal de l’irradiation douloureuse ;
– Une atteinte plus lourde du groupe 4 avec notamment une consommation plus importante de médicaments, plus d’arrêts de travail, d’hospitalisations et d’antécédents de chirurgies ;

Commentaires :
Le dessin de la douleur permettrait donc de se faire une première idée du caractère neuropathique d’une douleur lombaire avec irradiation. Fait intéressant, les auteurs retrouvent une hausse du score au PainDETECT dans l’évolution des patients du groupe 1 lors de leur passage en chronicité (aigu vers chronique) témoignant possiblement d’une sensibilisation du système nerveux. Mentionnons tout de même que le PainDETECT est un outil conçu pour le dépistage des douleurs neuropathiques, moins pour leurs suivis…

Notes en lien avec le sujet :
Partie 1
Partie 2

Références

Hüllemann P, Keller T, Kabelitz M, Freynhagen R, Tölle T, Baron R. Pain Drawings Improve Subgrouping of Low Back Pain Patients. Pain Pract. 2017 Mar;17(3):293-304.