Cet essai prospectif multicentrique Australien paru dans le prestigieux Lancet a impliqué 235 praticiens de première ligne Sydneyites (181 généralistes, 50 pharmaciens, et 4 physiothérapeutes).

Pour entrer dans l’essai, les patients devaient avoir une douleur lombaire d’au moins 6 semaines précédée par une période sans douleur d’au moins au mois, avec ou sans douleur dans le membre inférieur, et avec une intensité de douleur au minimum modérée.

1650 patients lombalgiques aigus ont ainsi été répartis dans 3 groupes (ayant tout trois bénéficié de conseils et de réassurance). Un groupe a pris du paracetamol 3 fois par jour pendant 1 mois (n=550), un groupe a pris du paracetamol quand le patient le jugeait nécessaire (n=549), et un groupe placebo (n=553). Le dosage journalier était quasiment le même pour les 2 groupes paracétamol.

Les patients devaient prendre leur traitement jusqu’à leur rétablissement ou pendant 4 semaines.
Le critère de jugement principale était donc le temps nécessaire jusqu’au rétablissement du patient (qui correspondait à une douleur de 0-1 sur une échelle de douleur pendant au moins 7 jours consécutifs).

A ce jeu là, il n’y a pas de gagnant entre les 3 groupes.
Enfin, il y a un perdant, c’est le paracétamol, qui, jusqu’à maintenant, était recommandé comme analgésique lors des prises en charge en première intention des patients lombalgiques aigus. Il était d’ailleurs peut être recommandé à tort puisqu’aucun essai de ce type n’avait été mené auparavant.
Au niveau des mesures de suivi secondaires (intensité de la douleur, incapacité fonctionnelle, évaluation global du changement des symptômes, qualité du sommeil, et qualité de vie), il n’y aussi pas de différences notables entre les 3 groupes, à aucun moment durant 3 mois de suivis.

Commentaire ActuKiné:
Un essai préalablement enregistré pour éviter les tricheries, contrôlé par placebo, randomisé de manière imprévisible, avec un double aveugle solide, une inflation du risque alpha maitrisée, un contrôle des participants perdus de vue, et une analyse en intention de traiter… C’est du solide.
Cela ne veut pas dire que le paracetamol est un anti-douleur inefficace de manière générale. Il est, en effet, efficace pour certains état douloureux comme en post-opératoire; mais pas pour la lombalgie aiguë.
Vous pourrez aussi remarquer que les physios ont été impliqués dans cette étude financée par le National Health and Medical Research Council of Australia.
Pour rappel, les phyios Australiens, faisant suite au britanniques, ont désormais le droit de prescrire certains médicaments, pour décharger les médecins et lutter contre les problématiques liées à la grandeur et la densité du territoire.
A ce propos, l’Australian Physiotherapy Association organisait le 01 novembre dernier, un webinar sur le sujet du droit de prescription médicamenteuse des physios et de ses perspectives.

Référence
Williams CM, Maher CG, Latimer J, McLachlan AJ, Hancock MJ, Day RO, Lin CW. Efficacy of paracetamol for acute low-back pain: a double-blind, randomised controlled trial. Lancet. 2014 Jul 23. pii: S0140-6736(14)60805-9.

Résumé disponible en ligne