Les bénéfices de la réhabilitation respiratoire sur la qualité de vie, les capacités fonctionnelles et la dyspnée sont maintenant bien démontrés. Néanmoins, il est parfois difficile pour les BPCO présentant une dyspnée sévère de suivre les programmes proposés.

Pour ces patients, l’utilisation de la stimulation électrique neuromusculaire ou le renforcement musculaire pendant huit semaines peuvent être une alternative afin d’augmenter la force musculaire, la réalisation d’activités fonctionnelles, la qualité de vie et le moral. L’avantage de ces interventions est qu’elles ont une charge métabolique faible ne provoquant pas de dyspnée.

Le rapport entre l’amplitude d’impulsion des courants de haute ou basse fréquence et la charge métabolique utilisée n’a jamais été étudié.   Le but de cette étude est d’analyser la charge métabolique des différentes modalités de renforcement musculaire au départ, pendant, et à la fin du programme réhabilitation respiratoire de huit semaines, chez des patients atteints de BPCO de stade 3 ou 4.

Méthode :

Cette étude est un essai randomisé contrôlé. Vingt quatre patients ont été inclus, tous atteints de BPCO de stade 3 ou 4. Les patients utilisant de l’oxygène de longue durée ont été exclus.

Les patients ont été assignés au hasard dans un des trois groupes différents :

 
  • un groupe effectuant du renforcement sur presse,
  • un groupe recevant de l’électrostimulation à haute fréquence (75 Hz) SENM de HF,
  • un groupe recevant de l’électrostimulation à basse fréquence (15 Hz) SENM de BF.
 

 Ces interventions ont eu lieu deux fois par jour, 5 fois par semaine pendant 8 semaines. Les séances d’électrostimulation duraient 18 minutes et commençaient  par un échauffement  de 3 minutes à 5 Hz,  avant la mise en place de cycles durant 16 secondes : 8 secondes de contraction, 8 secondes de repos.

Les fréquences utilisées sont  de 75 Hz (SENM de HF) ou 15 Hz (SENM de BF). La charge de travail sur presse à quadriceps a été définit à partir de  la résistance maximale (RM) du patient, évaluée au début du programme.
Elle correspondait à 70% de la RM. Les séances comprenaient  4 séries de 8 répétitions par exercice avec au moins 2 minutes de récupération entre chaque série. Toutes les deux semaines, la charge sur presse a été augmentée de 5%.

La fonction musculaire du quadriceps a été mesurée en isocinétique. La performance physique a été évaluée avec le test de marche de 6 minutes. L’endurance a été mesurée par  un travail à vitesse constante sur cycloergomètre.

Au cours de leur programme de réhabilitation, la consommation d’oxygène (VO 2), la ventilation minute (VM), la fréquence cardiaque, la saturation en oxygène, la dyspnée, la fatigue et la douleur ont été évalués avant et après la séance, lors de la première, la quatrième et la huitième semaine. L’évaluation des patients a été faite en aveugle.
 
Résultats :

Efficacité des interventions :

La force musculaire et l’endurance du quadriceps  a augmenté significativement  dans le groupe utilisant  le courant à haute fréquence (75 Hz) mais pas dans le groupe utilisant  le courant à basse fréquence (15 Hz) ou le renforcement sur presse.

 Le test de marche de six minutes a été amélioré significativement pour les patients bénéficiant de SENM à HF (75Hz) ou de renforcement sur presse mais pas après SENM à BF (15Hz). 

Charge métabolique :

Pour le groupe utilisant la SENM de HF, les valeurs de la ventilation minute ont augmenté significativement entre la première, quatrième et huitième semaine du programme de réhabilitation (p = 0,012) (analyse en intra-groupe).

Cependant, lors du programme de réhabilitation, les valeurs de la VO 2 et VM enregistrées étaient significativement plus élevées pour le groupe utilisant le renforcement sur presse Vs groupe bénéficiant de  la SENM de HF ou la SENM de BF.

La première semaine, les valeurs mesurées de la saturation en oxygène, avant et après la séance,  ont diminué de façon significative dans le groupe de SENM de HF (avt : 96 %, après : 93%) et dans le groupe de renforcement sur presse ( 95% ; 91%). Lors des séances suivantes, aucun changement significatif de la saturation en oxygène n’a été observé.

L’augmentation de la fréquence cardiaque avant et après les séances, au cours des huit semaines de programme, est significativement supérieure dans le groupe de renforcement sur presse par rapport aux groupes d’électrostimulations.

Discussion et conclusion :

Cette étude est la première à étudier la charge métabolique de diverses modalités de renforcement musculaire chez des patients BPCO de stade 3 ou 4 au cours d’un programme de  réadaptation pulmonaire en milieu hospitalier. Elle a montré que la charge métabolique est restée stable,  tandis que les amplitudes d’impulsion ou la charge d’entraînement sur presse ont augmenté de manière significative pendant la période d’intervention de huit semaines.

Les valeurs de VO 2 et VM étaient significativement plus faibles au cours SENM par rapport à l’entraînement en force. Ceci correspond aux résultats des  études antérieures de mesure de la charge métabolique chez les patients atteints de BPCO.

L’impact de ces interventions sur la charge métabolique, en engendrant une dyspnée et une fatigabilité négligeables, font d’elles une indication pour les patients BPCO de stade 3 et 4, pour améliorer leur fonction musculaire et leur performance physique
La petite taille de l’échantillon est une des principales limites de cette étude. D’autres essais de plus grande puissance sont nécessaires pour confirmer ces résultats.

Référence bibliographique :

Open Access

Maurice JH Sillen,  Frits ME Franssen,  Anouk W Vaes, Jeannet ML Delbressine,  Emiel FM Wouters and Martijn A Spruit. Metabolic load during strength training or NMES in individuals with COPD: results from the DICES trial. BMC Pulmonary Medicine 2014 (9).