Cette méthode a été mise au point au japon en 1966 par Y Sato. Il remarqua que les sensations liées à une compression des mollets (il était resté à genoux) ressemblaient à celles ressenties après une séance de musculation des triceps. Il expérimenta alors le renforcement musculaire sous compression et en détermina les modalités. Un an plus tard, il eût un accident de ski, et utilisa la méthode durant son immobilisation. Lors de l’ablation de son attelle il eût la surprise de constater une hypertrophie de son quadriceps immobilisé. La méthode allait faire son entrée dans le monde de la rééducation.
En 1983, elle avait été suffisamment étudiée et codifiée pour s’adresser à tout un chacun.
Le « Scandinavian journal of medicine & science in sports » a publié en 2008 une revue de questions à ce sujet.
Le principe
Est donc d’effectuer un travail musculaire avec une ischémie transitoire du membre intéressé. La charge utilisée est de 20 à 50 % de la force maximale (1 RM). La compression dure de cinq à dix minutes. Elle est de l’ordre de 160 à 240 mm de mercure dans la majorité des études. L’utilisation d’une compression large (135 mm de largeur) permet de réduire la pression jusqu’à 90-110 mm de mercure. La fréquence des séances variant de deux à trois par semaine à deux séances par jour.
Les résultats
Montrent que l’utilisation de charges légères (insuffisantes pour provoquer seules une amélioration de la force), devient efficace associée à une ischémie. Cela permet donc d’entretenir ou de développer la musculature sans avoir recours à des charges trop importantes.
Les auteurs rappellent que pour recruter toutes les fibres musculaires, il faut être à 85% de la contraction statique volontaire maximale. Lors du travail sous ischémie avec des charges légères (40% de 1RM) l’électromyogramme du biceps est semblable à celui obtenu sans occlusion mais avec une charge de 80% de 1 RM.
Sécurité de cette pratique
Bien entendu les risques de cette pratique sont à prendre en compte. On pense aux lésions musculaires et vasculaires, aux risques de thrombose.
13 études ont été retrouvées par les auteurs, 116 sujets ayant réalisé un total de 4376 séances, avec en moyenne de 2 à 8 semaines d’entraînement, une occlusion partielle de 5 à 10 minutes. Les seuls effets secondaires ont été des douleurs musculaires.
Les japonais ont publié en 2006 une étude ayant porté sur 105 centres utilisant cette méthode. 12600 sujets ont réalisés des séances de ce type. Les effets secondaires retrouvés ont été :
Ecchymoses : 13,1%
Fourmillements temporaires : 1,3%
Thrombose veineuse : 0,055%
Aggravation d’un problème ischémique cardiaque :0,016%
Embolie pulmonaire : 0,008%
Infarctus cérébral :0,008%
Rhabdomyolyse (destruction du muscle): 0,008%
Existe-t-il d’autres moyens pour obtenir une relative ischémie (sans garrot) ?
Les auteurs signalent qu’il est possible d’obtenir cela en travaillant avec une charge légère 20 à 30% de 1 RM, sans temps de repos entre les exercices et avec un repos court (15 à 45s) entre les séries. L’apport sanguin se faisant surtout lors des phases de repos.
Il est aussi possible sur le quadriceps de limiter le mouvement entre 50 et 100° de flexion pour conserver une activation importante du muscle, favorisant une compression intra-musculaire.
Une des possibilités d’utilisation est donc de travailler classiquement avec des charges lourdes puis de compléter la séance en travaillant avec des charges légères jusqu’à l’épuisement. C’est une méthode qui était déjà employée par les culturistes.
Exemples :
Selon Goto et al. (2003a, 2004), pour une charge lourde, travail à 90% de 1RM, pour une charge légère, travail jusqu’à épuisement avec 50% de 1 RM.
Selon Choi et al. (1998), pour une charge lourde, travail à 70/80% de 1RM, pour une charge légère, travail jusqu’à épuisement avec 50/60% de 1 RM, puis après 30s de récupération, recommencer avec 40/50%
Inconvénients de la méthode
Si les avantages de la méthode sont évidents, on peut se demander si le travail à faible charge a le même impact sur tous les systèmes.
On pourrait penser que l’intensité de la charge est trop basse pour avoir une influence sur le métabolisme osseux, néanmoins les études disponibles montrent qu’il n’en est rien. Par contre la sollicitation du tendon est moindre, ce qui est un avantage si l’on veut préserver un tendon fragilisé, mais un inconvénient si l’on veut solliciter le tendon.
Pour en savoir plus
Si comme moi cette méthode vous intrigue, je vous invite à consulter les articles suivants
M. Wernbom, J. Augustsson, T. Raastad. Ischemic strength training: a low-load alternative to heavy resistance exercise ? Scand J Med Sci Sports 2008: 18: 401–416
Y. Sato. The history and future of KAATSU Training. Int. J. Kaatsu Training Res. 2005; 1: 1-5
S. Sata. Kaatsu training for patella tendinitis patient. Int. J. Kaatsu Training Res. 2005; 1: 29-32
Il est aussi possible de visionner des vidéos sur ce thème sur Youtube
Article soumis et accepté le 18/02/2010