Les éditeurs sont ils en mesure de s’accaparer le produit de la recherche financée par des organismes publics ?
Voilà une question qui a fait couler beaucoup d’encre…
Comme régulièrement lorsque j’écris sur Actukiné, je m’intéresse à un fragment d’information. Et puis, à force d’explorer le sujet, je finis par toucher un sujet bien plus gros et diablement intéressant. C’est exactement ce qui est arrivé ici.
Elsevier est depuis longtemps la cible de critique concernant son usage lucratif de contenus scientifiques initialement financés par le domaine public et sa gestion payante de publications proposés en accès gratuit par les auteurs. Depuis quelques années maintenant, les chercheurs du monde entier tentent d’exploiter des alternatives comme peuvent l’être sci-hub (encore fonctionnel à ce jour avec quelques réglages) ou de monter des initiatives de promotion de l’accès ouvert de la recherche. Cette fois ci, le géant Google apporte sa pierre à l’édifice.
Le 23 mars dernier, les utilisateurs de la plateforme Google Scholar (moteur de recherche indexant des articles scientifiques, livres, ouvrages de tous genres de nature universitaire) on pu découvrir une nouvelle fonctionnalité. Une section « Public Access » (ou accès publique) s’est vue attachée aux profils des utilisateurs. Cette section montre quelles publications de l’utilisateur sont issues de financements publiques et sont bel et bien en accès libre, et quelle proportion de ressources n’obéit pas à cette règle.
Un code couleur : vert si tout va bien ou rouge est désormais présent, et le moteur de recherche proposera désormais, si possible, une version en accès libre des publications concernées, quitte à corriger l’indexation lorsque la règle du financement publique = accès publique n’est pas respectée par les utilisateurs. Voilà à quoi ça ressemble sur le profil des auteurs :
L’initiative du géant du web a reçu un accueil chaleureux de nombreuses organisations scientifiques publiques, et notamment du groupement Plan S : un groupement scientifique européen dont la mission première est de promouvoir le libre accès des publications scientifiques. Pour la France, adhérente à ce système, « Après le 1er janvier 2021, les publications scientifiques sur les résultats de la recherche financée sur fonds publics accordés par des agences de recherche ou des organismes de financement nationaux ou européens, doivent être publiées dans des revues ou sur des plateformes en accès libre. ». Reste à présent à convaincre les producteurs de science hors d’Europe.
sources :
Google Scholar’s open-access move ‘sends a powerful message’
https://www.nature.com/articles/d41586-021-00873-8