Contexte d’étude :

La ventilation non invasive (VNI) est généralement conseillée chez les patients atteints de BPCO avec une dyspnée sévère à l’effort. Celle-ci semble augmenter la capacité à l’effort et diminuer la dyspnée des patients. L’objectif de la VNI est de réduire le travail ventilatoire par une « mise au repos » des muscles respiratoires. Le réglage de « l’aide inspiratoire » permet d’augmenter la ventilation alvéolaire lors de l’effort et le réglage de la « pression expiratoire positive » diminue les résistances des voies aériennes.

L’objectif de cette revue a été de déterminer si la VNI est un adjuvant efficace pour améliorer la capacité à l’effort, la qualité de vie et augmenter les activités physiques chez les patients atteints de BPCO.
 
Méthode :

Les études datant de  Janvier 1987 à Novembre 2013 ont été inclues. Les registres suivants ont été consultés : Cochrane, Amed, CENTRAL, CINAHL, EMBASE, LILACS, MEDLINE, Pedro, PsycINFO et PubMed. Seul les essais randomisés contrôlés comparant la VNI vs pas de VNI ou VNI vs Placebo ont été retenus.
 
Résultats :

Capacité à l’exercice :

Les résultats de la méta-analyse montrent des améliorations significatives de la capacité à l’exercice en faveur du groupe réhabilitation + VNI vs réhabilitation seule ou réhabilitation + placebo. Cependant, 4 études sur les 5 recensées ne montrent pas de résultats significatifs lorsqu’elles sont étudiées séparément.

Qualité de vie :

Aucune différence significative (p=0,97) n’est mise en évidence entre réhabilitation + VNI vs réhabilitation seule ou avec placebo.

Intensité de l’exercice :

Les résultats objectivent une différence significative (p=0,05) sur l’intensité à l’exercice pour le groupe réhabilitation + VNI vs réhabilitation seule ou avec placebo. Néanmoins, l’indice d’hétérogénéité est important (I2 = 72%) ce qui indique une grande variabilité des résultats de l’effet du traitement (réhabilitation + VNI) entre les études incluses.

Mesure des lactates :

L’analyse des résultats objective une diminution significative (p=0,002) des lactates en faveur du groupe réhabilitation + VNI vs réhabilitation seule ou avec placebo.
 
Conclusion des auteurs :

L’utilisation de la VNI dans la réhabilitation respiratoire semble améliorer la capacité à l’effort et augmenter l’intensité de l’exercice. Il n’est pas actuellement prouvé  que ce bénéfice soit cliniquement utile ou rentable. Des essais randomisés contrôlés avec des effectifs plus importants sont nécessaires. Des études avec un suivi sur le long terme sont recommandées.
 
Commentaire :

L’analyse Cochrane met en évidence une amélioration de la capacité à l’effort et une augmentation de l’intensité de l’exercice en faveur du groupe réhabilitation + VNI. Cependant, les études évaluées individuellement ne montrent pas de résultats significatifs.
La plupart des études sont de faible puissance et comportent de nombreux biais.
Toutes les études recensées n’ont pas démontré de différences significatives sur l’amélioration de la qualité de vie.

Cette technique semble intéressante pour les patients les plus sévères et doit être plus étudiée. Néanmoins, des questions au sujet de celle-ci doivent être soulevées ; L’augmentation de la capacité à l’effort est-elle vraiment pertinente si celle-ci n’améliore pas la qualité de vie ?
Notons que les patients sous VNI pendant un réentraînement peuvent avoir une sensation de surmédicalisation de l’effort physique, ceci peut être un frein au maintien des acquis à la sortie du centre, ce qui au final, est le point essentiel de la réhabilitation.

Référence bibliographique :

Menadue C, Piper AJ, van ’t Hul AJ, Wong KK. Non-invasive ventilation during exercise training for people with chronic obstructive pulmonary disease. Cochrane Database of Systematic Reviews 2014, Issue 5.

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