La ventilation invasive est responsable d’une diminution de la force des muscles respiratoires. La faiblesse des muscles respiratoires est associée à des difficultés de sevrage de la ventilation mécanique et peut contribuer à une augmentation de la dyspnée en post-extubation, une diminution de la qualité de vie et des capacités fonctionelles. L’objectif principal de cette étude est de déterminer l’effet d’un réentraînement des muscles inspiratoires sur une durée de 2 semaines en réanimation en post-extubation sur la force et l’endurance de ces muscles. Les objectifs secondaires sont l’évaluation de la qualité de vie (QDV) (SF-36 ; EQ-5D-3L), la dyspnée (Borg), le niveau fonctionnel (ACIF), le nombre de jour d’hospitalisation, le taux de réadmission et la mortalité intra-hospitalière.

Méthode :
L’étude est randomisée, contrôlée, monocentrique, en simple aveugle.
Les participants devaient être ventilés pendant au moins 7 jours et être extubés pendant plus de 48 heures. Les patients ont été randomisés en 2 groupes : IMT + soins courants (Groupe IMT) et groupe soins courants (Groupe Contrôle).
L’intensité de l’IMT était fixée à 50 % de la PiMax pour la première séance de renforcement. L’intensité a été augmentée tous les jours jusqu’à atteindre la résistance maximale tolérée par le patient. L’entraînement était composé de 5 séries de 6 répétitions, 5 fois par semaine pendant 2 semaines. Une période de suivi de 2 semaines a été effectuée après les 2 semaines d’IMT,

Résultats :
70 patients ont été recrutés sur une période de 4 ans. Il n’y avait pas de différence significative entre les 2 groupes. 67 % des patients dans le groupe IMT ont terminé plus de 90 % du programme de 2 semaines. Après le programme, une augmentation significative de la force des muscles respiratoires est retrouvée en faveur du groupe IMT versus groupe contrôle (+17 % versus +6%). Une amélioration significative de la QDV avec le questionnaire EQ5D a été objectivée en faveur du groupe IMT. Aucune différence significative n’a été retrouvée sur les autres outcomes (Questionnaire SF-36, endurance des muscles respiratoires, questionnaire ACIF, dyspnée, nombre de jour d’hospitalisation, nombre de réadmission en réanimation, nombre de réintubation et taux de mortalité à l’hôpital. Résultat plutôt surprenant : le taux de mortalité était plus important dans le groupe IMT que dans le groupe contrôle (12 % versus 0% p=0,051).

Commentaire :
Note des auteurs : seulement 4 patients sont décédés dans le groupe IMT. D’après les données supplémentaires des auteurs, les causes de mortalité ne sont pas corrélées à l’IMT ou à des complications respiratoires. Ce résultat peut être dû au hasard lié au faible effectif. Il est probable que la période d’IMT (2 semaines) soit insuffisante pour mettre en avant les résultats attendus. De plus, les patients inclus dans l’étude ne présentaient pas nécessairement de faiblesse des muscles respiratoires. D’autres études sont donc nécessaires sur une population ciblée (faible PiMax) et une période de réentraînement plus importante afin de démontrer l’efficacité de l’IMT en post-extubation.

article en libre accès ici

Bissett BM, Leditschke IA, Neeman T, Boots R4, Paratz J. Inspiratory muscle training to enhance recovery from mechanical ventilation: a randomised trial. Thorax. 2016 Jun 2.