Douleur et contexte
De nombreuses études confirment que la perception douloureuse est modulée par le contexte. Dans cette étude, les auteurs ont cherché à manipuler le degré d’attention ainsi que les émotions des sujets durant l’application d’un stimulus nociceptif d’intensité constante (dispensé sur le dos du pied droit). Simultanément un IRMf était pratiqué pour permettre l’étude des mécanismes cérébraux en jeu dans la perception douloureuse.

18 sujets se sont portés volontaires pour participer à cette étude.

Deux conditions permettaient de tester l’impact de l’attention sur la perception douloureuse : une situation « attention faible » où les sujets se contentaient de compter le nombre de stimuli (détection) était comparée à une situation « attention forte » où ils devaient en plus décrire où les stimuli était précisément ressenti (détection et localisation spatiale).

Deux conditions permettaient de tester l’impact des émotions sur la perception douloureuse : on présentait ainsi à l’un des groupe des images à caractère neutre pendant l’application des stimuli nociceptifs alors que l’autre groupe était exposé à des images à caractère négatif (International Affective Picture System).

Les sujets devaient évaluer l’intensité de la douleur perçue à l’aide d’une échelle numérique classique (0-10).

Les sujets du groupe « attention forte » et émotion négative percevaient une douleur plus intense que ceux du groupe « attention faible » et « émotion neutre » (respectivement p=0.023 et p=0.002).
L’IRMf montrait une activité importante de la partie antérieure de l’insula dans les conditions douloureuses en adéquation avec l’intensité de la douleur ressentie.

De nombreux essais soulignent le rôle important de l’insula au sein du réseau cérébral de la douleur. Ce qui est encore plus intéressant avec cette étude, c’est la notion de flexibilité de la connexion fonctionnelle (ici momentanée) entre l’insula et les zones cérébrales fronto-pariétale (attention) et médio-temporale (émotionnel). Schématiquement, la construction de la perception douloureuse repose donc sur des connexions multiples entre des zones appartenant au réseau cérébral de la douleur (« cerebral pain network » qu’il faut comprendre comme les zones qui sont quasi systématiquement impliquées dans la sensation douloureuse) et des zones cérébrales appartenant à d’autres systèmes fonctionnels.

Références

Ploner M, Lee MC, Wiech K, Bingel U, Tracey I. Flexible cerebral connectivity patterns subserve contextual modulations of pain. Cereb Cortex. 2011 Mar;21(3):719-26.
Full-text ici