Une récente revue systématique avec méta-analyse parue dans PLos One s’est intéressée aux liens pouvant exister entre lombalgie non spécifique, modifications à l’imagerie de type MODIC et limitations d’activité (1). Il faut dire que depuis les travaux de de Ross et de Modic à la fin des années 80, le MODIC passionne les foules à commencer par l’équipe d’Albert et ses travaux controversés sur la prise en charge de certaines lombalgies par antibiothérapie (2).

Une revue précédente de 2008 retenant 10 études (7 allant dans le sens d’une association positive) concluait à une association positive entre MODIC et lombalgie non spécifique (3). La revue de Brinjikji de 2015 ne retrouvait d’association positive qu’entre MODIC de type 1 et lombalgie non spécifique (4). Trois points ont poussé l’équipe de Herlin à proposer une nouvelle revue : le fait que de nouveaux papiers aient été publiés entre 2008 et 2016, les limitations du travail de 2008 principalement dans l’analyse des risques de biais des études inclues et le fait que le travail de 2015 ne permettait pas de se prononcer sur les facteurs influençant possiblement cette association.

La revue de 2018 inclue 31 études dont une seule à faible risque de biais (QUADAS-2). 15 études retrouvent une association positive (et une seule étude une association négative) entre MODIC et lombalgie. Le type de MODIC et leur importance n’influencent pas l’association lombalgie-MODIC. L’association MODIC-lombalgie pourrait être modifiée par le niveau du disque touché et son état de dégénérescence. Il n’y a pas de preuve laissant penser à une association entre MODIC et limitation d’activité. Il n’existe pas de différence de l’intensité de la douleur entre des patients porteurs ou non porteurs d’un MODIC.

Pour les auteurs de cette revue, les associations entre lombalgie et MODIC sont contradictoires du fait des forts risques de biais des études retenues. De futurs travaux plus rigoureux méthodologiquement permettront sans doute de savoir si une association existe vraiment et quelle est son importance. En l’état actuel des connaissances, les auteurs recommandent la prudence quand il est question de MODIC dans un diagnostic, une explication de la douleur ou une indication de traitement spécifique chez un patient porteur d’une lombalgie non spécifique.

Références

(1) Herlin C, Kjaer P, Espeland A, Skouen JS, Leboeuf-Yde C, Karppinen J, Niinimäki J, Sørensen JS, Storheim K, Jensen TS. Modic changes—Their associations with low back pain and activity limitation: A systematic literature review and meta-analysis. PLoS One. 2018;13(8):e0200677.

(2) Albert HB, Sorensen JS, Christensen BS, Manniche C. Antibiotic treatment in patients with chronic low back pain and vertebral bone edema (Modic type 1 changes): a double-blind randomized clinical controlled trial of efficacy. Eur Spine J. 2013;22(4):697–707.

(3) Jensen TS, Karppinen J, Sorensen JS, Niinimaki J, Leboeuf-Yde C. Vertebral endplate signal changes (Modic change): a systematic literature review of prevalence and association with non-specific low back pain. Eur Spine J. 2008;17(11):1407–22.

(4) Brinjikji W, Diehn FE, Jarvik JG, Carr CM, Kallmes DF, Murad MH, et al. MRI Findings of Disc Degeneration are More Prevalent in Adults with Low Back Pain than in Asymptomatic Controls: A Systematic Review and Meta-Analysis. AJNR Am J Neuroradiol. 2015; 36(12):2394±9.

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