Chaque jour, face à nos patients, nous adoptons (ou devrions adopter) cette même démarche intellectuelle qui s’appuie sur une probabilité de preuves et non sur des croyances. Elle doit nous conduire à poser un diagnostic et à choisir le traitement le plus adapté. Mais s’empêcher d’appliquer une formule toute faite n’est pas simple… Nous connaissons tous la fameuse recette de notre confrère, Monsieur Massetrofort : une pincée de chaud, un petit courant apaisant, six à huit minutes de pétrissage, un zest de mobilisation et enfin une bonne série d’extension du genou en chaîne cinétique fermée. Cette vieille recette, nous l’avons tous appliquée un jour ou l’autre. Or, si nous voulons nous émanciper du statut d’auxiliaire médical et du rôle de simple exécutant qui applique sa ritournelle pour une pathologie donnée, nous sommes dans l’obligation absolue d’élever notre niveau de compétence. Certains de nos confrères étrangers ont su prendre leur destin en mains, à l’image des États-Unis qui, en 2020, accorderont le grade de docteur à leurs Physical therapist. Pourquoi pas nous ? Qui nous interdit cette évolution ? Personne…
Certes, il est illusoire de croire que par un coup de baguette magique ou de réingénierie des études de kinésithérapie, nous allons nous voir propulsés au niveau Master puis Doctorat. Ceux qui veulent le faire croire font des incantations et se réfèrent sans doute au calendrier Maya. Un exemple, la tentative louable d’une profession plus autonome avec la mise en place du bilan diagnostique kinésithérapique a été plus que chaotique et son application au quotidien reste difficile pour la grande majorité d’entre nous.
Ce « pschitt » s’explique par le fait qu’il s’agit d’une décision politique seule, elle n’a pas été précédée d’un changement dans les pratiques. Il convient maintenant de procéder autrement. Mais nous pouvons dès à présent agir pour demain. La Société française de physiothérapie (SFP) jouera dans les années à venir pleinement son rôle dans ce changement.
Il est de son ressort d’accompagner chaque kinésithérapeute dans sa pratique professionnelle. Elle prend à son compte la responsabilité de cette nécessaire mutation du métier de kinésithérapeute/physiothérapeute.
Les Journées francophones de kinésithérapie (JFK), qui se dérouleront les 7, 8 et 9 février prochains, sont organisées en ce sens. L’objectif de ces journées est d’offrir à chaque confrère la possibilité de se former aux dernières recommandations pour chaque domaine. Des noms d’intervenants invités n’évoqueront peut-être pour certains pas grand chose et vous pourriez vite vous désintéresser du programme. Je vous invite alors à faire une courte recherche sur Pubmed, et vous constaterez le nombre important de publications pour chacun d’entre eux. La qualité et la pluralité des intervenants sont le témoin indiscutable du niveau exceptionnel de ces journées.
Vous pouvez donner un nouveau souffle à votre vie professionnelle, les JFK sont là pour cela. Une meilleure reconnaissance de notre métier passe par une remise en question de chaque individu qui le compose. La SFP n’est pas une société savante élitiste, au contraire, elle est là pour rassembler et encourager le plus grand nombre. Elle ne veut en aucun cas se substituer aux associations savantes spécialisées dans un domaine mais les encourager et les fédérer pour que le message de chacune soit mieux entendu. Le lendemain des JFK sera peut-être pour vous le premier jour du reste de votre vie professionnelle, à vous de choisir : vous êtes maître de votre destin.
C’est le moment de briser vos chaînes, libérez-vous !