La dysynchirie implique quant à elle les notions de paresthésie et d’allodynie. L’étude de Moseley (2) a étudié ce phénomène chez 10 patients ayant un diagnostic de CRPS de type I (critères de l’IASP), 9 sujets avec NCB d’intensité douloureuse et de paresthésie comparables, 9 sujets sans CRPS I mais avec des douleurs à localisation et intensité similaires et 9 sujets asymptomatiques en guise de groupe contrôle.
Les sujets devaient reporter la qualité et la localisation des sensations évoquées dans les deux conditions suivantes :
– Les yeux fermés : les sensations étaient testées en différents points du membre affecté par application de toucher léger, pression punctiforme et application de froid ;
– Avec un miroir placé entre les deux membres : les sujets se focalisaient sur le reflet du membre sain dans le miroir (créant l’illusion de ne plus avoir de membre affecté) et on reproduisait l’examen sensoriel ci-dessus sur le membre sain.
Chez les CRPS I on dégageait alors 4 cas de figure :
– Quand le site de stimulation du membre sain correspondait à un site non douloureux du membre affecté, les sujets reportaient une sensation normale au seul site stimulé : réponse normale retrouvée chez tous les sujets testés ;
– Quand le site de stimulation du membre sain correspondait à un site d’allodynie du membre affecté, alors les sujets reportaient une sensation normale coté sain mais une douleur au niveau du site correspondant du membre affecté ;
– Quand le site de stimulation du membre sain correspondait à un site paresthésique du membre affecté, alors les sujets reportaient une sensation normale coté sain mais des sensations de picotement au niveau du site correspondant du membre affecté ;
Ce sont ces deux derniers phénomènes que l’on propose de nommer « dysynchirie ».
– Quand on appliquait de la glace sur le membre sain en correspondance à un site paresthésique du membre affecté, alors les sujets reportaient une sensation de froid sur les deux membres.
Dysynchirie et synchirie n’étaient pas présentes chez les autres patients, contrôles, ou chez les CRPS I avec les yeux fermés.
La dysynchirie constitue un phénomène important puisqu’elle montre que le cerveau peut créer une allodynie/paresthésie au niveau d’une zone corporelle sans input périphérique en provenance de cette zone.
Pour revenir au récent article de Moseley (3), la procédure de testing de la dysynchirie est décrite en annexe et correspond à la recherche de sensations douloureuses/paresthésiques au membre affecté à partir de stimuli du membre sain.
Références
(2) Acerra NE, Moseley GL. Dysynchiria: watching the mirror image of the unaffected limb elicits pain on the affected side. Neurology. 2005 Sep 13;65(5):751-3.
Lien vers l’abstract
(3) Moseley GL, Herbert RD, Parsons T, Lucas S, Van Hilten JJ, Marinus J. Intense pain soon after wrist fracture strongly predicts who will develop complex regional pain syndrome: prospective cohort study. J Pain. 2014 Jan;15(1):16-23.
Lien vers la note d’ActuKiné sur cet article