Boulette n°5 : « Un protocole pour montrer que ça marche »
Quand Mr Tube enseigne Son art à Ses disciples moyennant une forte rétribution financière, il sait désormais (depuis qu’il ne mélange plus l’EBM avec une marque de voiture de luxe) qu’il manque à Sa méthode le soutien de solides preuves scientifiques. Pour rester à la page et continuer d’aller à la plage (vivre de Ses formations), il met tout en œuvre pour fournir à Ses disciples les plus,… enfin les moins, disons, dociles, des preuves montrant que Sa méthode fonctionne. Le problème, c’est qu’elles ne sont pas nombreuses…
D’accord, il y a bien quelques études en italien des années 60-70 (l’époque hippie où la randomisation se faisait principalement en fonction de la masse capillaire) complétement dépassées… et oui, il existe des preuves en faveur de mécanismes qui n’ont rien à voir avec la méthode XXX mais que Jean Tube pourrait utiliser pour tenter d’expliquer Ses bons résultats ("100% des patients satisfaits ont tenté leur chance")… mais bon voilà, toute cette "tenségrité de « briques » à brac" ne suffit plus. Alors, en fin de compte (bancaire), il se dit qu’il ne doit pas être bien sorcier pour un scientifique comme lui de monter Sa propre étude pour montrer que Sa méthode XXX fonctionne à plein tube!
Évidemment, vous êtes déçu d’apprendre que cette situation n’est pas totalement fictive quand vous lisez quelque part fortuitement :
"Objectifs de nos études : démontrer par des mesures scientifiques l’efficacité de la méthode XXX sur l’amélioration des flux sanguins et la modification de la souplesse des organes et des tissus"
"Nous nous préparons à évaluer l’efficacité de la méthode XXX sur les douleurs cancéreuses en évaluant la douleur des patients avant et après traitement XXX. L’analyse des résultats permettra de conclure à une efficacité de la méthode XXX sur ces douleurs. Une telle étude randomisée permettra d’assoir la légitimité de la méthode XXX dans les centres de lutte contre le cancer."
Nous avons parlé dans les notes précédentes du biais de sélection (au sens commun). En fait, ce terme fait plutôt référence aux statistiques où il correspond à une erreur à l’échantillonnage. Il est sans doute préférable d’utiliser le terme "biais de confirmation", plus généraliste, pour évoquer la tendance plus ou moins consciente qui consiste à privilégier toute information allant dans le sens de ses propres opinions (sans se soucier de la véracité de ces informations) et/ou à accorder moins d’intérêt aux idées défavorables à ses propres opinions (la plupart des gens ont même tendance à être plus exigeant envers les idées qui ne vont pas dans leur sens : c’est le "biais de non confirmation"). Le biais de confirmation possède donc un sens très large puisqu’il ne se résume pas à la recherche sélective de preuves allant dans le sens de nos croyances mais peut concerner également l’interprétation des données (deux individus peuvent lire et interpréter différemment les mêmes résultats) voir même le choix de la méthode d’un essai clinique. Derrière ce biais se cache souvent la notion de conflit d’intérêts.
COMMANDEMENT N°5 : « Copiez 500 fois : Je ne tenterai pas de montrer QUE ça marche mais je tenterai de savoir SI ça marche ! »