La diversité des protocoles utilisés et le manque d’étude analysant les possibles effets secondaires constituent deux problèmes cliniques majeurs à l’application de la thérapie miroir (aussi nommée MVF – Mirror Visual Feedback). Une étude récente tente d’apporter des clarifications à ces deux limitations (pour la douleur du membre fantôme) en utilisant la méthode DELPHI. 11 praticiens expérimentés représentant 5 professions (médecin, physiothérapeute, psychologue, infirmier et ergothérapeute) de 6 pays ont participé à ce travail.

Résultats vis-à-vis de la technique et des protocoles

La nature de l’équipement (miroir) n’est pas importante du moment que l’illusion est respectée.
Cinq protocoles de traitement ont été identifiés dont un ne figurant pas dans la littérature :
MVF à distance : c’est un protocole où le sujet est autonome (instructions par livret et DVD) et qui doit concerner des patients motivés et éduqués.
MVF intense : un protocole intensif (séance durant jusqu’à 3h) laissant le sujet explorer seul la MVF sans intervention du soignant (gestion de la douleur et des effets secondaires laissés au libre arbitre du sujet) ; il semble que ce protocole soit proposé quand les autres n’ont pas fonctionné.
MVF structuré : on y retrouve les protocoles plus classiques de la littérature.
MVF pré-enregistré : utilisation de systèmes technologiques de projection de la main saine du sujet ou de la main d’une autre personne.
MVF graduel : il concerne le Graded Motor Imagery des australiens Moseley et Butler.

Pour les experts, le temps de traitement dépend de la capacité du sujet à se concentrer et à tolérer le programme. Il faut 1 à 10 min au patient pour s’immerger dans l’illusion. Il existe un consensus entre les spécialistes sur la nécessité d’utiliser un programme individualisé. En revanche, pas de consensus sur la durée de la séance (5 à 180 min !), leur fréquence (1 à 6 par jour), et les causes de non réponse de certains patients. Stopper la MVF à 3 semaines si le patient n’a aucun résultat semble un délai trop court (des résultats à 5 mois sont reportés dans la littérature à condition d’utiliser une pratique soutenue).

Résultats vis-à-vis des effets secondaires :

Les effets secondaires les plus souvent rencontrés sont des réactions émotionnelles et une hausse de la douleur ; viennent ensuite : sensations vertigineuses, sudation, froideur du membre fantôme, etc. Les psychologues supportent l’idée de stopper le traitement si le patient rencontre des réactions émotionnelles et de le recommencer quand le sujet a dépassé son stress post-traumatique.

Références

Hagenberg A, Carpenter C. Mirror Visual Feedback for Phantom Pain: International Experience on Modalities and Adverse Effects Discussed by an Expert Panel: A Delphi Study. PM R. 2014 Jan 9. pii: S1934-1482(14)00018-5.
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