Les civilisations anciennes pratiquaient le rituel de « l’incubation » (du grec incubare = se coucher) qui consistait à partir en pèlerinage dans un lieu sacré pour y dormir et attendre de la part des divinités une révélation. L’utilisation du rêve à des fins thérapeutiques est déjà évoquée dans les temples d’Esculape (le dieu grec de la médecine) où lui ou son serpent apparaissaient aux patients pour leur donner la conduite à tenir en vue de guérir.

Le rêve lucide se définit comme le fait d’être conscient de rêver durant un rêve. On pense qu’il est pratiqué depuis des siècles. Pendant longtemps, la communauté scientifique pensait qu’il était improbable que le cerveau soit capable d’atteindre un niveau de fonctionnement mental et de conscience élevé (en fait similaire à l’éveil) pendant le sommeil. Ce n’est qu’assez récemment, grâce notamment aux travaux de Stephen Laberge (dans les années 70), que les neurosciences ont apporté la preuve de l’existence des rêves lucides. Pendant la phase REM du sommeil (Rapid Eye Movements = sommeil paradoxal), Laberge et son équipe de Stanford ont demandé aux rêveurs de réaliser des séquences spécifiques de mouvements oculaires (apprises en état de veille) alors qu’ils étaient plongés en sommeil paradoxal. De nombreuses recherches ont confirmé ces résultats y compris sous IRMf et on sait désormais qu’il existe beaucoup de similitudes sur le plan du fonctionnement cérébral entre l’éveil et la phase de sommeil paradoxal (1). Le rêve lucide permet donc de rêver en en étant pleinement conscient et donne donc la possibilité de pouvoir modifier à volonté son rêve (objets, acteurs, environnement, etc.).

Vous allez me dire : quel rapport avec la physiothérapie ?

Eh bien, je vais vous répondre : quel rapport avec l’hypnose et quel rapport avec l’Imagerie Motrice ?

Le rapport, c’est le traitement envisageable de certaines conditions notamment douloureuses. Ce rapport, j’en conviens, est une extrapolation. Pourtant, beaucoup de neuroscientifiques s’accordent sur ce point : compte tenu du potentiel et des preuves en faveur des formes d’imageries mentales et d’hallucinations hypnotiques en traitement, il semble raisonnable de s’attendre à ce que le rêve lucide soit aussi doué d’efficacité dans ce domaine. Le rêve lucide semble pouvoir s’apprendre et il est probable que l’intensité de l’illusion/immersion puisse être nettement plus importante qu’en imagerie motrice voir même qu’en réalité virtuelle.

En attendant quelques décennies supplémentaires de recherches sur ce sujet, vous pouvez toujours commencer à pratiquer personnellement le rêve lucide grâce aux nombreux ouvrages sur le sujet, notamment ceux de Stephen Laberge qui sont disponibles en français (2) …

A la rédaction d’ActuKiné on commence ce soir !

Bonne nuit à tous !

Références

(1) Kahan TL, LaBerge SP. Dreaming and waking: similarities and differences revisited. Conscious Cogn. 2011 Sep;20(3):494-514.

(2) Stephan Laberge. S’éveiller en Rêvant : Introduction au Rêve Lucide. Editions Almora, mars 2008. Paris. 121p.

Le site web de Laberge

Un reportage passionnant si vous arrivez à mettre la main dessus en attendant une rediffusion