12 sujets porteurs d’une lombalgie aiguë (moins de 6 semaines) et 11 d’une lombalgie chronique (plus de 3 mois) ont participé à cette étude qualitative. L’objectif était à la fois d’analyser les sources d’influence des patients en matière de comportements et de croyances, et d’observer l’interprétation qu’ils pouvaient donner à la nature de leur problème. Chaque patient a participé à une entrevue qualitative semi-structurée (vous trouverez les questions ouvertes en table 1) puis a complété deux questionnaires (RMDQ et TSK).

Il ressort de cette analyse que les professionnels de santé semblent représenter le facteur le plus influant sur les attitudes et les croyances des sujets (devant Internet et les conseils des proches !) en terme de compréhension de la source du problème, de signification des symptômes et également de perception du pronostic. Il est intéressant de noter que les participants déclarent rejeter certaines recommandations des praticiens si elles ne sont pas en adéquation avec leurs propres expériences, leurs objectifs, leurs croyances les plus tenaces et leurs perceptions de la sévérité du problème.

Une grande partie du discours des praticiens semble être perçue par les patients comme un besoin de protéger leur dos (par ex : « adopter certaines postures et renforcer des muscles spécifiques pour manager leur problème »). Comme trop souvent, il semble que le fond du discours des praticiens s’appuie essentiellement sur un modèle biomédical. Ce message pourrait résulter en une augmentation de la vigilance, de l’anxiété, de la culpabilité quand les patients ne suivent pas correctement leur traitement et de la frustration quand le traitement de protection ne donne pas les résultats escomptés.

Commentaires ActuKiné

Quelques études avaient déjà fait remarquer que les propres croyances du praticien impactaient directement celles des patients, ce que confirme, une fois de plus, ce travail. A l’heure de grandes avancées dans la compréhension des mécanismes douloureux, il semble plus que préjudiciable pour nos patients de continuer à subir la loi toute puissante du modèle biomédical. Continuer à blâmer uniquement les tissus pour expliquer la totalité de la présentation et de l’expérience algique du patient est un non sens et une faute scientifique dont la responsabilité incombe donc en partie aux professionnels de santé.

Références

Darlow B, Dowell A, Baxter GD, Mathieson F, Perry M, Dean S. The enduring impact of what clinicians say to people with low back pain. Ann Fam Med. 2013 Nov-Dec;11(6):527-34.
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