L’expérimentation animale a permis de faire avancer la médecine. S’il faut bien rendre hommage à toutes les bébêtes qui y ont participé en payant souvent un lourd tribut, il est aussi temps de dénoncer des pratiques scientifiques surprenantes : car, pendant que les uns se faisaient disséquer, manipuler, électrocuter, affamer, etc., les autres se faisaient doucement chouchouter, masser, mobiliser ou pratiquaient de l’activité physique en roue libre après avoir bu une petite boisson sucrée énergisante. Pire encore, il convient de dénoncer la génération de rats sacrifiés par chatouillement. Oui, vous avez bien entendu amis lecteurs, des scientifiques ont bien été payés avec vos impôts pour chatouiller, asticoter, chahuter, titiller ces braves bêtes !

Le rire n’est pas l’apanage des humains. On sait que les rats émettent des vocalisations ultra-soniques de 50Hz qui semblent en tout point correspondre aux rires des humains. Chez le rat, ils apparaissent dans l’interaction sociale, lors du jeu et en condition expérimentale quand un chercheur chatouille l’animal.

Dans l’expérience de Rygula et al. (vous ne rêvez pas, c’est bien le vrai nom de l’auteur !), des rats ont été conditionnés à presser un levier face à une tonalité particulière pour recevoir une nourriture en guise de récompense (tonalité à valence positive) et à une autre tonalité pour éviter une punition par choc électrique (tonalité à valence négative). Une fois qu’ils parvenaient à discriminer correctement ces tâches, ils étaient soit pris en main par l’expérimentateur soit chatouiller par celui-ci. On enregistrait dans chaque cas le nombre de rires de la bête. Immédiatement après la séance, on proposait aux rats une tonalité située entre les deux tonalités de conditionnement et on observait leurs réponses en pensant que cette ambiguïté de tonalité permet d’indiquer le degré d’optimisme de l’animal.

Après avoir ri, les rats avaient une hausse du niveau d’attente de récompense (bon levier) et une baisse de l’attente de punition (mauvais levier). Les rats qui répondaient aux chatouilles en produisant plus de 21 fou rires par session étaient plus optimistes que ceux qui riaient moins (p=0.019) et que ceux qui étaient simplement pris en main (contrôle) (p=0.01).

Vite une étude chez l’être humain !

* cet article a été écrit sous l’emprise de joie JFKienne ; un retour à la normale (pessimisme et morosité) est prévu pour bientôt chez l’auteur…à travers une série consacrée à l’utilisation de l’humour en thérapie !

Références

Rygula R, Pluta H, Popik P. Laughing rats are optimistic. PLoS One. 2012;7(12):e51959. doi: 10.1371/journal.pone.0051959. Epub 2012 Dec 26.
En accès libre ici