La dysphagie correspond à une gène ou une difficulté à faire passer le bol alimentaire de la bouche à l’œsophage. Elle peut être à l’origine d’une fausse route lorsqu’il y a intrusion de l’aliment dans les voies aériennes. Cette déficience se retrouve fréquemment chez plus de la moitié des patients ayant subit un accident vasculaire cérébral (AVC) [1], et ce, d’autant plus que l’on se trouve dans un contexte aigu. Les données à long terme à propos de la prévalence des dysphagies post-AVC sont assez divergentes, allant de 11% [2] à 50% [1] à six mois.
Les moyens de rééducation doivent prendre en compte le type de fausse route auquel le thérapeute est confronté [3]:

– Les fausses routes avant la déglutition :
Elles sont dues à un retard du réflexe de déglutition (fréquemment retrouvées dans les atteintes cortico-bulbaires [4]). Le bol alimentaire pénètre dans le larynx avant l’occlusion de celui-ci. L’épaississement du liquide (eau gélifiée par exemple) permet de ralentir sa vitesse et donc de limiter ce type de fausse route.

– Les fausses routes pendant la déglutition :
Elles correspondent à une mauvaise fermeture du larynx (atteinte du X ou du XI lors de lésion de la fosse postérieure par exemple). Plusieurs techniques peuvent être envisagées afin de compenser ce défaut de fermeture. La flexion du rachis cervical permet de placer le larynx sous la base de la langue de façon plus prononcée. La rotation homolatérale au déficit (en cas d’atteinte unilatérale) privilégie le passage du bol dans le sinus piriforme sain [4]. La déglutition contre résistance manuelle (main du thérapeute ou du patient lui-même contre front du patient), permet de recruter de façon plus importante les muscles supra-hyoïdiens [5], et facilite ainsi l’ascension laryngée…

– Les fausses routes après la déglutition :
Elles sont dues à une stase alimentaire dans l’hypopharynx (défaut d’ouverture du sphincter supérieur de l’œsophage – SSO par exemple). Une rotation homolatérale à la paralysie permet de limiter les fausses routes dans ce cas. L’ouverture du SSO dépendant en partie de la qualité de l’élévation laryngée [3], le thérapeute pourra faciliter cette dernière en utilisant la déglutition contre résistance manuelle ou la déglutition forcée (avaler le plus fort possible pour obtenir un recrutement musculaire maximal [5]).

[1] Mann G, Hankey GJ, Cameron D. Swallowing Function After Stroke: Prognosis and Prognostic Factors at 6 months. Stroke 1999;30:744.48.
[2] Smithard DG, O’Neill PA, England RE, Park CL, Wyatt R, Martin DF and coll. The natural history of dysphagia following a stroke. Dysphagia 1997;12:188-93.
[3] Robert D. Les troubles de déglutition postintubation et trachéotomie. Réanimation 2004;13:417-30.
[4] Lozano V, Guatterie M. Déglutition et dysphagie en neurologie. La lettre du médecin rééducateur 1997;43:3-9.
[5] Bleeckx D et Postiaux G. Déglutition – évaluation – rééducation. Encycl Méd Chir Kinésithérapie-Médecine physique-Réadaptation 2002:26-430-A-10.

Article soumis le 30/07/2010 et accepté sans modification le 24/08/10