L’objectif de cette étude était de voir si l’adjonction d’une manipulation nocebo à une stimulation nociceptive (et comparativement à un contrôle) pouvait produire des changements d’activités au sein même de la moelle épinière. L’usage de l’IRMf appliquée à la moelle épinière a permis d’apporter quelques éléments de réponse.
20 sujets participaient à cette étude. On dessinait sur leur avant bras gauche 4 carrés de 4cm*4cm sur lesquels on allait appliquer une crème inerte neutre ; dans certains cas cependant, on leur expliquait utiliser une crème augmentant la perception douloureuse à la chaleur (procédure nocebo). Pour renforcer cette procédure, dans une première phase dite de manipulation, on augmentait à l’insu du sujet la température du stimulus pour lui faire croire à l’action de la crème (inerte). Dans la phase test, les températures restaient évidemment les mêmes et étaient calibrées pour provoquer une douleur de 60 en NRS (0-100). La procédure précise de testing par blocs est décrite dans l’article (raison pour laquelle chaque sujet portait plusieurs carrés à stimuler).
Les résultats montraient qu’une manipulation par nocebo entraînait de manière significative (par rapport au groupe contrôle) une hausse de la perception douloureuse, un abaissement des seuils douloureux et une augmentation du signal à l’IRMf dans la corne postérieure ipsilatérale de la moelle épinière.
La résolution de l’imagerie étant encore insuffisante pour distinguer les zones pré- et post- synaptiques où se déroulent ces processus, il faut être prudent car la différence d’activité dans la moelle entre condition nocebo et condition contrôle pourrait aussi s’expliquer par l’activité de contraction musculaire liée à la douleur du sujet.
L’amplification de la réponse observée au niveau spinal lors de l’administration du nocebo démontre le processus de facilitation cognitive de la douleur face à des signaux nociceptifs entrants. Avec la mise au point de l’imagerie spino-corticale, nous pourrons prochainement observer l’ensemble de ces processus simultanément. Il est très intéressant pour les patients d’avoir (enfin) des preuves que leur anticipation à avoir mal peut conduire à une amplification des signaux nociceptifs périphériques dans la moelle épinière qui à son tour peut conduire à une augmentation de la douleur perçue.
Références
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