Eh bien voilà, j’étais parti pour vous proposer un topo sur un article en provenance du Journal Of Pain et mis de côté récemment après la lecture de l’abstract (1). Mais ça s’était avant d’avoir lu l’intégralité de cet essai contrôlé randomisé qui m’a finalement contrarié…

Alors je me suis rabattu sur un travail qualitatif qui m’a finalement semblé plus pertinent pour finir la semaine et aborder la notion de perception de l’image de Soi chez des individus souffrants de douleurs chroniques (2).

7 patients atteints de douleurs musculo-squelettiques chroniques (lombalgies, cervicalgies et douleurs d’épaule) depuis plusieurs années (2-27ans) ont participé à cette étude. Ils ont commencé par passer deux entretiens semi-structurés (deux examinateurs) durant 45 à 80min qui comportaient deux parties : la première concernait les difficultés rencontrées par le patient en lien avec la douleur et la seconde les problèmes en rapport à son apparence. Les individus devaient ensuite dessiner un autoportrait comportant leur zone douloureuse et correspondant à comment ils se sentaient perçus par les autres. Des questionnaires étaient également administrés (appearance anxiety inventory, body dysmorphic disorder questionnaire et pain catastrophising scale). Les données étaient ensuite traitées par une analyse thématique inductive.

Deux grands thèmes apparaissaient (ils comportaient chacun trois sous-thèmes) :

1/ Relation avec le corps douloureux
– Conscience corporelle (la majorité des sujets portaient plus d’attention à la zone douloureuse)
– Dilemme d’engagement (lutte pour déterminer un niveau optimal d’activités en fonction de la douleur)
– Corps chosifié (prise de distance avec la zone douloureuse spécialement lorsqu’elle ne fonctionne pas de la façon souhaitée)

2/ Insatisfaction corporelle
– Préoccupations liée à l’apparence (poids et silhouette principalement sans qu’aucun des participants ne mentionnent sa zone douloureuse)
– Détresse en rapport aux limitations fonctionnelles
– Communication ambiguë sur le plan comportemental (hésitation sur les comportements douloureux à employer)

Enfin, un sous-thème commun concernait les préoccupations sur l’apparence physique en lien avec la douleur, l’humeur et la fatigue. Tous les participants reconnaissent que les jours de crise (plus de douleur, déprime, fatigue, etc.), il existe une augmentation de l’insatisfaction corporelle et des impactions des stratégies de coping en rapport à l’apparence physique (habillage par exemple).

Conclusion AK
Aucune ! 7 patients c’est vraiment peu pour conclure quoi que ce soit et cela tombe bien puisque ce n’est pas le but : l’idée est plutôt d’inviter les thérapeutes à explorer avec plus de minutie comment la douleur chronique peut affecter l’image corporelle du patient (il est vrai qu’il faut s’entendre sur les définitions autour de ce concept)… car il est envisageable que cette image puisse impacter la douleur en retour : à vos miroirs ?!

Références

(1) Maeda, Y., Kan, S., Fujino, Y., & Shibata, M. (2018). Verbal Instruction Can Induce Extinction of Fear of Movement-Related Pain. The Journal of Pain.

(2) Sündermann, O., Rydberg, K., Linder, L., & Linton, S. J. (2018). “When I feel the worst pain, I look like shit”–body image concerns in persistent pain. Scandinavian Journal of Pain.