Ca fait quelques jours que l’on en parle sur le groupe Facebook « Evidence-based physiotherapy » (venez nous rejoindre d’ailleurs). Et ça y est, je m’y colle ! Aujourd’hui, on va parler d’un événement d’importance dans la planète recherche !
Lors du colloque de l’institut Cochrane qui avait cette année lieu à Santiago (Chili), Matthew J Page a présenté la nouvelle mouture du PRISMA statement 2020. Les recommandations à la base de PRISMA n’avaient pas été retouchées depuis 2009, soit il y a plus de 10 ans…

Mais toi qui lis cet article de blog, tu ne sais peut être pas ce qu’est PRISMA. Pas de panique ! On va tout revoir ensemble :-).

Pour commencer , PRISMA, c’est l’acronyme pour Preferred Reporting Items for Systematic Reviews and Meta-Analyses ! Cela nous laisse présager de la suite !

 

Qu’est-ce que PRISMA ?

Le PRISMA Statement, au même titre que le CONSORT Statement sur lequel j’avais déjà écrit cet été est un genre de guide méthodologique adressé aux chercheurs, reviewers, éditeurs, etc. Le guide méthodologique, dans le cas de PRISMA énonce un ensemble de recommandations visant à « encadrer » la publication et le reporting des revues-systématiques – avec méta-analyses (de la même manière que CONSORT produit des recommandations pour les études de type essai-contrôlé randomisé).  Plus simplement, c’est un ensemble de critères (réunis sous forme simplifiée de checklist) que doivent respecter les revues systématiques.

L’objectif derrière ces recommandations méthodologiques est multiple (source http://www.prisma-statement.org/) :

– Pour les auteurs, il s’agit de les aider à améliorer la qualité de la présentation des données qu’ils ont obtenu par une revue systématique.
– Pour les reviewers (ceux en charge de la relecture des publications pour les journaux scientifiques) et les éditeurs, PRISMA peut se révéler utile pour l’analyse critique des revues à publier.

En revanche, l’outil n’a pas été créé afin de produire une analyse de qualité des publications (bien qu’il nous arrive fréquemment de nous en servir à ces fins). Je noterai personnellement que n’importe quel praticien/étudiant désireux de lire des revues systématiques avec un regard critique bénéficiera de ces lignes directrices.

En effet, la présentation claire et transparente des données d’une méta-analyse permettent en théorie de permettre la reproductibilité des résultats (un des fondements majeurs de la science moderne), la confiance que l’on peut accorder à la publication (des données manquantes pourraient dissimuler des risques de biais par exemple), mais aussi l’évaluation indépendante et l’applicabilité des résultats de la revue !

Ici aussi, de la même manière que CONSORT, PRISMA dispose d’une base d’items pouvant être complétée avec l’une des (aujourd’hui) 16 extensions, s’adressant à des situations précises.
Par exemple, dans le sillage de PRISMA 2020, une extension spécifique pour les revues systématiques d’outils diagnostiques a vu le jour : PRISMA-DTA. Ici aussi, je vous recommande la lecture de cet outil.

Pour mettre à jour l’outil, le groupe PRISMA a effectué une revue systématique (marrant hein !) des méthodes de méthodo existantes, en soulignant les insuffisances potentielles de la version 2009, les items existant dans d’autres instruments et en ajoutant les résultats de conférences de consensus. Un travail titanesque à en lire le papier d’explication.

Avant d’aller plus loin et de rentrer un peu plus dans le contenu de la grille. J’aimerais souligner, une fois encore comme CONSORT, l’immense diffusion de PRISMA. Dans sa version 2009, c’est à l’heure actuelle plus de 400 journaux qui l’emploient, 54 000 citations et une présence tout autour du globe chez les chercheurs. De même, les fin connaisseurs que vous êtes auront peut être remarqué que le PRISMA statement est l’instrument recommandé par le EQUATOR Network (réseau rassemblant tous les guides méthodologiques pour la rédaction scientifique, financé par l’OMS et autres organismes d’influences majeures. Une vraie perle, nous ferons un article dessus aussi !). Nature Index mentionne ces recommandations comme étant un moyen d’améliorer la qualité de la recherche sous forme de revue systématique !

Enfin, PRISMA, c’est le modèle employé par Cochrane pour ses revues systématiques…

Alors, rentrons dans le vif du sujet ! quoi de nouveau dans PRISMA ? ou plutôt quoi d’ancien et quoi de nouveau (de sorte que les lecteurs ne connaissant pas PRISMA ne soient pas perdus 😉  ).

Contenu de PRISMA

Alors dans PRISMA, il y a quoi ? et bien on a :
– Une checklist simplifiant la vérifications des critères.
– Un diagramme de flux pour modéliser la stratégie de recherche standardisée.
– Le texte complet PRISMA Statement pour détailler chaque point.
– Évidemment un document d’élaboration des recommandations.

Je vous joins un tableau récapitulatif comparant PRISMA 2009 et 2020 présent dans le pré-print de la nouvelle version :

De quoi évoluer avec son temps

Outre la modification de certains items marquant un rapprochement avec les grilles CONSORT, STARD, et STROBE, ce qui éclaire ma journée, ou plutôt ma nuit, c’est l’augmentation du niveau général demandé pour la publication : il est maintenant demandé d’avantage de données sur les publications inclues et leur évaluation, et notamment sur l’analyse du risque de biais.

Autre point super top : les conflits ou liens d’intérêts seront mieux documentés et il sera nécessaire de publier le code employé pour l’exploitation statistique des données brutes. De quoi réjouir largement les férus de statistiques ici présents !

En bref, cette nouvelle mouture s’inscrit clairement dans l’aire du temps, où les contenus sont de plus en plus disponibles, et à un plus grand nombre. Notre réforme des études mène aujourd’hui les étudiants à faire des revues de littérature. Ce genre de contenu peut largement nous aider à la rédaction de mémoires. ça avait été le cas pour moi, et je recommande avec insistance l’utilisation de tels outils. Non seulement ils nous permettent de trouver un fil conducteur bien construit pour le développement de nos contenus, mais ils entraînent aussi probablement l’améliorer la qualité des production. Par ce mécanisme, nous pourrons probablement voir les kinésithérapeutes/physiothérapeutes, se rapprocher des compétences exigées par la filière universitaire. C’est notamment l’une des revendications des étudiants, dont la voix est portée par la FNEK. Mais ça, c’est une autre histoire…

Source :
Page, Matthew J., Joanne McKenzie, Patrick Bossuyt, Isabelle Boutron, Tammy Hoffmann, cindy d. mulrow, Larissa Shamseer, et al. 2020. “Updating Guidance for Reporting Systematic Reviews: Development of the PRISMA 2020 Statement.” MetaArXiv. September 14. doi:10.31222/osf.io/jb4dx.