La plagiocéphalie (du grec "plagios" = oblique et "kephalê" = tête) est une déformation du crâne de l’enfant se traduisant par un aplatissement occipital unilatéral avec plus ou moins une proéminence de la partie frontale.
La plagiocéphalie de l’enfant est devenue plus prévalente depuis les années 80 lorsqu’il a été recommandé de coucher les enfants nouveaux-nés sur le dos pour prévenir le risque de mort subite, qui aurait d’ailleurs diminué par la suite de 40% [1].

La plagiocéphalie et la préférence postionelle/torticolis sont souvent associées.

Prévalence

La plagiocéphalie concernerait environ 30% des enfants dans leur première année [2]. Plus précisément, cette prévalence varierait entre 6.1% et 13% à la naissance, 16% et 22.1% entre 6 et 7 semaines, 19.7% à 4 mois, 9.2% à 8 mois, et 6.8% à 12 mois [3].

La prévalence du torticolis infantile ou préférence positionnelle serait, elle, de 8.2% entre 0 et 6 mois [4].

Pronostic, facteurs de risque et facteurs préventifs

La plupart des plagiocéphalies et torticolis s’améliore spontanément jusqu’à l’âge de 2 ans sans traitement. 2.4% des enfants auraient cependant encore des déficits entre 2 et 3 ans [2, 4].

Les facteurs de risques retrouvés sont entre autres: le sexe masculin, pas de variations dans les habitudes de soins et dans la position de la tête de l’enfant réveillé ou endormi, une préférence postitionelle, un retard de développement, un environnement intra-utérin restreint (pression intra-utérine augmentée), la prématurité, un accouchement par voie basse assisté, ou encore un travail d’accouchement prolongé .
Les facteurs préventifs sont une réalisation précoce des étapes de développement moteur et la position sur le ventre au moins 5 minutes 3 fois par jour quand l’enfant est réveillé [3, 1].

La plagiocéphalie peut induire des problèmes psycho-sociaux aussi bien chez l’enfant que chez les parents ayant parfois peur de moqueries. La relation parents-enfant peut être ainsi perturbée [1].
Des auteurs citent une corrélation entre plagiocéphalie et retard de dévellopement et la nécessité d’adaptations à l’école. La fréquence de déformité faciale et maxillo-faciale, de scoliose cervicale, de problèmes visuels et auditifs semblent être plus important chez les enfants avec plagiocéphalie [1].

Pour la plagiocéphalie le diagnostic différentiel peut être un problème de suture osseuse (soudure prématurée des sutures crâniennes) et pour le torticolis des auteurs citent un torticolis oculaire, le syndrome de Sandifer, un torticolis paroxystique bénin, une fixation rotatoire atlanto-axial, ou encore une pathologie neurologique [5]. Pour plus de précisions, consultez les guides pratiques cités ci-dessous.

Mesures de suivi

Il n’existe pas de "gold standard" pour mesurer l’évolution de la plagiocéphalie. L’avis subjectif des parents et l’impression visuelle sont souvent utilisés. Des mesures en 2 dimensions sont aussi utilisées mais sont peu pertinentes car la plagiocéphalie est un problème en 3 dimensions.
Pour le torticolis, les amplitudes articulaires passives et actives, et des scores/échelles fonctionnelles pour le rachis cervical sont utilisés.
Vous trouverez plus de détails dans les guides pratiques cités ci-dessous.

Traitements

Un essai contrôlé randomisé (ECR) incluant 126 enfants avec plagiocéphalie a comparé un traitement par stratégies de positionnement à un traitement de stratégies de positionnement plus l’utilisation d’une serviette de positionnement pour dormir (Safe T Sleep). A 1 an, il n’y avait pas de différence entre les 2 groupes qui s’étaient en grande majorité tous deux améliorés [2].

Un ECR pilote en double aveugle incluant 22 enfants de 3 à 6 mois semble montrer que l’addition de thérapie manuelle à de la physiothérapie ne semble pas offrir de bénéfice supplémentaire [6].

Une revue systématique semble montrer que certains types d’orthèses (casques etc…) permettent de réduire les déformations d’avantage et plus vite que des protocoles de positionnement [1].

Une revue systématique semble montrer que la physiothérapie (avec stratégies de positionnement) et la thérapie par casque réduisent les déformations du crâne [7].

Un ECR incluant 380 enfants avec une préférence positionelle a montré un bénéfice supérieur de la physiothérapie par rapport à un traitement standard pour réduire la prévalence de plagiocéphalie [3].

Guides pratiques et recommandations

Vous trouverez un guide pratique de 2009 sur le torticolis infantile pour les enfants de 0 à 36 mois (produit par l’Hopital des enfants de Cincinnati) [8] et un second guide pratique de 2013 produit par la section pédiatrique de l’APTA [9].

Si vous y avez accès, l’article de Christensen et al. propose un algorithme pour la prise de décision clinique pour le torticolis infantile .

Commentaire Actukiné:
Cette note a été faite de manière subjective et non-exhaustive en consultant la librairie Cochrane et PEDro principalement. La qualité méthodologique des études n’est pas toujours au rendez-vous mais la physiothérapie (+ou- thérapie manuelle) se dégage comme étant un traitement conservateur de premier choix pour les problèmes de plagiocéphalie et/ou de torticolis infantile. Le traitement par "stratégies de positionnement" semble pour le moment remporter la palme. Il s’agit d’éduquer les parents sur la position de l’enfant, de son environnement, de limiter le coucher sur le dos, favoriser le coucher sur le ventre, la position adoptée pour manger etc… Consultez les articles en accès libre pour en savoir plus. La thérapie par casque est plus couteuse et peut être plus adaptée pour des cas "graves".

Références

[1] Paquereau J. Non-surgical management of posterior positional plagiocephaly: orthotics versus repositioning. Ann Phys Rehabil Med. 2013 Apr;56(3):231-49.

Résumé disponible en ligne

[2] Hutchison BL, Stewart AW, De Chalain TB, Mitchell EA. A randomized controlled trial of positioning treatments in infants with positional head shape deformities. Acta Paediatr. 2010 Oct;99(10):1556-60.

Article complet disponible en ligne

[3] van Vlimmeren LA, van der Graaf Y, Boere-Boonekamp MM, L’Hoir MP, Helders PJ, Engelbert RH. Effect of pediatric physical therapy on deformational plagiocephaly in children with positional preference: a randomized controlled trial. Arch Pediatr Adolesc Med. 2008 Aug;162(8):712-8.

Résumé disponible en ligne

[4] Boere-Boonekamp MM, van der Linden-Kuiper LT LT. Positional preference: prevalence in infants and follow-up after two years. Pediatrics. 2001 Feb;107(2):339-43.

Résumé disponible en ligne

[5] Christensen C, Landsettle A, Antoszewski S, Ballard BB, Carey H, Pax Lowes L. Conservative management of congenital muscular torticollis: an evidence-based algorithm and preliminary treatment parameter recommendations. Phys Occup Ther Pediatr. 2013 Nov;33(4):453-66.

Résumé disponible en ligne

[6]Haugen EB, Benth J, Nakstad B. Manual therapy in infantile torticollis: a randomized, controlled pilot study. Acta Paediatr. 2011 May;100(5):687-90

Résumé disponible en ligne

[7] Bialocerkowski AE, Vladusic SL, Howell SM. Conservative interventions for positional plagiocephaly: a systematic review. Dev Med Child Neurol. 2005 Aug;47(8):563-70.

Résumé disponible en ligne

[8] Burch, C, Hudson, P, Reder, R, Ritchey, M, Strenk, M, Woosley, M; Cincinnati Children’s Hospital Medical Center: Evidence-based clinical care guideline for Therapy Management of Congenital Muscular Torticollis, http://www.cincinnatichildrens.org/svc/alpha/h/health- policy/ev-based/otpt.htm, Guideline 33, pages 1-13, 11-19-09.

Article complet disponible en ligne

[9] Kaplan SL, Coulter C, Fetters L. Physical therapy management of congenital muscular torticollis: an evidence-based clinical practice guideline: from the Section on Pediatrics of the American Physical Therapy Association. Pediatr Phys Ther. 2013 Winter;25(4):348-94.

Article complet disponible en ligne