Depuis 20 ans et l’avènement du sommeil en position de décubitus dorsal, la prévalence des plagiocéphalies et l’intérêt porté à cette pathologie sont en constante augmentation.

La plagiocéphalie se caractérise par un aplatissement occipital unilatéral et une bosse au niveau frontal en miroir du méplat postérieur associés à un déplacement antérieur de l’oreille et de la joue homolatérales.
Même si la présence de torticolis congénital a longtemps été considérée comme un facteur déclencheur de la plagiocéphalie, les études les plus récentes décrivent plutôt une survenue liée à des facteurs post-naissance.

Au-delà des thérapeutiques courantes utilisées dans le cadre de cette pathologie, kinésithérapie motrice ou casques par exemple, aucun essai contrôlé randomisé ne s’est encore intéressé à la réalisation d’une intervention préventive en amont de la survenue d’une plagiocéphalie.

Matériel & Méthode :

Cette étude est un essai contrôlé, randomisé, prospectif et monocentrique.
Les enfants inclus devaient être nés à au moins 35 semaines d’aménorrhée et résider à moins de 30 minutes du lieu d’évaluation.

Les critères d’exclusion étaient la nécessité de soins continus, la présence de déformation du crâne ou du visage (bec-de-lièvre, dysmorphies) ou la présence d’un trouble limitant la mobilité cervicale.

Les enfants étaient évalués entre 36 et 72h après leur naissance à l’hôpital et randomisés en 2 groupes :

– Un groupe intervention comprenant une session de prévention pendant laquelle une
néonatalogiste présentait ses recommandations aux parents : alterner les positions en sommeil, varier les stimuli, adapter les positions lors du port de l’enfant, étirer les muscles cervicaux.
-Un groupe témoin dans lequel les parents bénéficiaient des conseils sur le positionnement en sommeil pour limiter le risque de mort subite du nourrisson (couchage dorsal).

Les enfants étaient ensuite revus à 3 mois pour un nouvel examen. Une analyse bi- et tri-dimensionnelle de la forme du crâne était alors réalisée ainsi que des mesures d’amplitudes articulaires du rachis cervical (inclinaisons et rotations).

Le développement moteur de l’enfant ainsi que la compliance au traitement étaient également notés.

Le critère principal était la survenue d’une plagiocéphalie.
Les critères secondaires étaient la sévérité de la plagiocéphalie, les amplitudes articulaires cervicales et le développement moteur des enfants.

Les évaluations à la naissance et à 3 mois ont été réalisées en aveugle, les parents ayant reçu les consignes détaillées ayant été priés de ne rien transmettre au groupe contrôle.

Résultats :

111 enfants, présentant des caractéristiques initiales similaires, ont été inclus. Au total, 96 enfants ont complété l’étude.
5 enfants (11%) dans le groupe intervention contre 16 (31%) dans le groupe contrôle ont présenté une plagiocéphalie (p<0,05).

Pour les résultats secondaires, seules les amplitudes articulaires du rachis cervical étaient significativement supérieures dans le groupe intervention.

Les enfants présentant des plagiocéphalies avaient significativement plus de torticolis
congénitaux et d’asymétrie musculaire au niveau du rachis cervical. La plagiocéphalie n’était pas reliée au développement moteur global de l’enfant.

Les enfants du groupe intervention ont montré des tendances à passer plus de temps au sol, moins de temps dans les landaus ou sièges auto, à dormir plus en décubitus dorsal et à présenter plus de symétrie dans leur motricité spontanée (résultats non significatifs).

Discussion & Conclusion :

Cette étude est la première à mettre en exergue l’intérêt d’une démarche préventive dès la naissance pour lutter contre la survenue des plagiocéphalies et améliorer les amplitudes articulaires cervicales.
Malgré une proportion plus importante d’enfants dormant sur le dos dans le groupe intervention, les variations de positions et le fait de favoriser le mouvement ont permis d’éviter une augmentation du taux de plagiocéphalie.

Le faible coût de cette démarche préventive simple qui permettrait de réduire l’incidence de la plagiocéphalie pourrait en faire à terme une solution envisageable.

Les auteurs insistent toutefois sur la limite de leur travail en lien avec la subjectivité de certains moyens d’évaluation utilisés pour caractériser la survenue d’une plagiocéphalie.
De plus, ils évoquent le fait que la présence de résultats favorables à 3 mois ne permet pas de conclure à une tenue de ces résultats positifs dans le temps et notamment pour la suite du développement de l’enfant.

Référence bibliographique :

Aarnivala H. & al. Preventing deformational plagiocephaly through parent guidance: a randomized, controlled trial. Eur J Pediatr, 2015 Apr 1. DOI 10.1007/s00431-015-2520-x

Résumé disponible en ligne

Note soumise le 20/4/15 et acceptée le 21/4/15, après mise en forme mais sans avoir pris connaissance de l’article in extenso.