Si on sait aujourd’hui qu’il existe des altérations des cartographies corticales dans les problèmes de membres douloureux chroniques, la question de retrouver de tels changements chez les sujets lombalgiques chroniques reste plus floue. Les adeptes du GMI seront peut-être soulagés en parcourant la récente étude de Bowering et al.* (évoquée par Tim Beames aux JFK 2015 !) investiguant les performances d’imagerie motrice chez cette catégorie de patients. Pour rappel, on teste l’intégrité des cartographies corticales en utilisant des tests de discrimination droite/gauche (left/right discrimination/judgment) : par exemple, on évalue la capacité d’un sujet à discriminer une main droite d’une main gauche quand on lui présente une image de main dans différentes positions en analysant les paramètres de sa réponse (précision et temps de réponse).

1008 volontaires se sont collés à la tâche en évaluant des images de tronc en rotation ou en inclinaison droite/gauche à l’aide du programme Recognise mis en place par le NOIgroup. Ils étaient répartis en 4 groupes : sain, lombalgie actuelle, passif lombalgique sans douleur actuelle et passif de lombalgie + lombalgie actuelle.

Au final, le temps de réaction n’était pas influencé par l’appartenance à un groupe : les lombalgiques actuels ne répondaient ni plus vite ni moins vite que les sujets sains. Il en était de même pour ceux qui avaient un passif lombalgique. En revanche, la composante précision était affectée par le statut :
– Les lombalgiques étaient moins précis que les sujets sains (p=0.027)
– Les sujets présentant un passif lombalgique étaient également moins précis que les sujets sains (p=0.002)
– Les sujets cumulant lombalgie actuelle et antécédents étaient moins précis que tous les autres catégories (moyenne [95%CI] précision=76% [74%-78%]) par rapport aux autres groupes (moyenne [95% CI] précision= >84% [83%-85%]).

Même si l’article est séduisant, il faut bien avouer qu’il pose plus de questions qu’il ne fournit de réponses : pourquoi, par exemple, la précision est seule altérée et pas également les temps de réaction (comme chez les CRPS, ou dans les autres problèmes chroniques touchant les membres) ? Existe-t-il un lien causal entre la douleur lombaire et la diminution de la capacité à discriminer ? Etc. En outre, on ne peut pas nier les problèmes de design posés par ce type d’étude on-line (sélection de l’échantillon, critères d’inclusion/exclusion, etc.).

Soyons positifs et gardons en tête l’hypothèse émise par les auteurs (qui n’a pas pu être testée avec ce design) sur l’utilisation possible de ces tests de discrimination en tant qu’indicateur de récidives d’épisodes de lombalgie (la distribution de la précision dans le groupe lombalgique actuel est bimodale). Vite une nouvelle étude pour tester cette hypothèse !

Références

Bowering KJ, Butler DS, Fulton IJ, Moseley GL. Motor imagery in people with a history of back pain, current back pain, both, or neither. Clin J Pain. 2014 Dec;30(12):1070-5.
Abstract ici
En accès libre via Body In Mind
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