Introduction

Nous savions déjà qu’un entrainement intensif de 4 semaines comprenant un entrainement sur tapis de marche et plateforme stabilométrique permet de ralentir l’évolution des symptômes moteurs voire même de diminuer la prise médicamenteuse [1]. Il existe peu de données sur les effets de l’entrainement sur cyclo-ergomètre chez le patient parkinsonien sur la bradykinésie, les tremblements ou d’autres symptômes moteurs [2], et à priori aucune concernant l’intérêt d’une modalité par rapport à une autre.
Cette étude américaine avait pour objectif de comparer les effets immédiats sur la bradykinésie de 3 modalités :
– Pas d’entrainement sur cyclo-ergomètre
– Entrainement continu à vitesse confortable (30 min)
– Interval-training (30 min)

Méthode

Inclusion : patients parkinsoniens avec un score de Hoehn et Yahr entre 1 et 3.

Exclusion : problème cardiaque lors des 3 derniers mois, problème musculaire ou articulaire pouvant être aggravé par l’entrainement proposé, DID, incapacité à communiquer avec les investigateurs de l’étude, incapacité à marcher sans l’aide d’une personne ou d’aides techniques

Chaque patient a réalisé les 3 modalités, de manière aléatoire (randomisation). Les 3 sessions ont été réalisées à la même heure pour diminuer la variabilité des symptômes, avec un jour minimum entre chaque, pendant 2 semaines maximum.

Modalités d’entrainement :

  • Entrainement continu sur cyclo-ergomètre à vitesse confortable durant 30 min
  • Interval-training sur cyclo-ergomètre durant 30 min, dont 5 min au début et à la fin à vitesse confortable, les 15 premières secondes de chaque minute se faisaient à une cadence très rapide

Critères d’évaluation :
– Vitesse de marche évaluée par le test de 10m à vitesse confortable
– Timed Up and Go
– Equilibre dynamique évalué par le 4 step square test
– Dextérité évaluée par le 9 Hole Peg test
– Micrographie
– Temps de réaction

Résultats

10 patients de 65 ans environ avec un stade de Hoehn et Yahrr moyen de 1,95 ± 0,73.

Amélioration statistiquement significative de la vitesse de marche et l’équilibre dynamique pour la modalité interval-training.
Pas de changement concernant les autres critères d’évaluation quelle que soit la modalité d’entrainement.

Commentaires Actukiné

La méthode de l’étude présente de nombreux risques de biais. Il ne s’agit que d’une série de cas avec application aléatoire de la première modalité d’entrainement. Même si l’idée de comparer ces modalités est pertinente, la méthode n’est pas adaptée et en l’absence de groupe contrôle ne permet pas d’affirmer que l’entrainement interval-training sur cyclo-ergomètre est à utiliser chez le patient parkinsonien.
D’autant plus, les auteurs mentionnent l’évaluation de la bradykinésie, mais ceux la font de manière indirecte via des tests évaluant l’activité et non la structure/fonction au sens de la CIF.
L’utilisation de l’UPDRS ou la version révisée MDS-UPDRS aurait été plus pertinent, même l’utilisation de nouvelles technologies [3].
L’hypothèse de l’étude était engageante, l’idée de rechercher de la vitesse pour diminuer la bradykinésie intéressante, mais nous en restons à l’hypothèse pour le moment.
Une autre série de cas a été publiée comprenant 11 patients avec un stade de Hoehn et Yahr de 2.3 ± 0.72. Ils ont réalisé 3x/semaine durant 8 semaines, 1h de cyclo-ergomètre en interval-training dont 8x 3min à 80-90 rpm et 2min à moins de 60 rpm [4]. Les auteurs rapportent une diminution de 25 % du score moteur de l’UPDRS. Sans groupe contrôle, impossible de conclure. La différence minimale détectable (DMD) définie pour le score moteur de l’UPDRS chez le sujet présentant un parkinsonisme (Parkinson ou parkinson plus) est une amélioration de 11 points sur les 108 du score moteur soit un peu plus de 10 % [5].
Beaucoup de questions, peu de réponses, mais une piste à explorer.

Référence de l’étude

Références