Une étude suisse s’est intéressée au « niveau de détermination » des patients douloureux chroniques (à quel point ils se sentent prêts – traduit de « Level Of Readiness »-LOR) à utiliser des stratégies d’auto-traitements actifs.

Les auteurs ont réalisé une enquête auprès de 659 patients sur le canton de Vaud via un questionnaire à 5 dimensions (données socio-démographiques, évaluation des caractéristiques de la douleur, symptômes en rapport à l’humeur, traitements effectués et LOR). Le LOR utilisait des questions à échelles comme on en trouve en entretien motivationnel, thérapies brèves, etc. Les auto-traitements actifs répertoriés par le questionnaire étaient divisées en 5 catégories : activités physiques adaptées à la douleur, thérapies à dimension physique (auto-massage, digipuncture, etc.), thérapies basées sur le mouvement (yoga, tai chi, etc.), thérapies corps-esprit (auto-hypnose, training autogène, imagerie motrice, etc.) et thérapies artistiques (danse, art-thérapie, musique). Le LOR était évalué pour chaque catégorie sur une échelle numérique (0-10) : LOR faible (0-4), LOR moyen (5-7) et LOR élevé (8-10). Notez que le questionnaire utilisait également d’autres évaluations (DN4, body chart et échelle HADS).

1524 patients ont reçu le questionnaire dont 639 étaient exploitables. L’âge moyen des participants était de 59 ans (SD=15.3). 44.1% des sondés montraient un LOR élevé et 24.6% un LOR moyen. Un LOR élevé était associé à un niveau d’éducation plus élevé ((relative risk ratio (RRR)=3.42, 95% confidence interval (CI): 1.90-6.13, p<0.001), au fait d’être sans emploi à cause de sa situation médicale (RRR=2.92, 95% CI: 1.30-6.56, p=0.009), au fait d’utiliser des compléments alimentaires « contre la douleur » (RRR=2.77, 95% CI: 1.52-5.04, p=0.001) et au fait d’être atteint de douleurs à caractère neuropathique (RRR=1.80, 95% CI: 1.40-3.12, p=0.036). Un âge plus avancé était associé à un LOR plus bas (RRR=0.97, 95% CI: 0.94-0.99, p=0.039). Enfin, des facteurs comme la durée de la douleur, sa sévérité ou encore la présence d’un trouble de l’humeur n’étaient pas associés à un LOR plus bas.

Pour les auteurs, la plupart des patients porteurs de douleurs chroniques se disaient prêts à utiliser des stratégies d’auto-traitements actifs. Plus de 40% des questionnaires envoyés n’ont cependant pas été retournés et 12% de ceux renvoyés ont été écartés (différents motifs dont le refus du patient). De plus, 1/3 des questionnaires restants montraient un LOR bas… Et puis surtout, le dire c’est bien, le faire…

Références

Scala, E., Decosterd, I., Faouzi, M., Burnand, B., & Rodondi, P. Y. (2018). Level of readiness of chronic pain patients to practise active self‐care. European Journal of Pain.