Les hanches dans le swing
Le golf compte plus de 60 millions de joueurs à travers le monde, la France a connu une explosion de la pratique de ce sport en passant de 20000 licenciés en 1970 à presque 430000 aujourd’hui (source FFG). Il est donc fort probable que vous croisiez des golfeurs dans vos cabinets.

Le swing de golf est une mécanique complexe mettant en mouvement et en tension bon nombre de structures actives et passives. Les blessures les plus rencontrées chez les golfeurs sont au niveau du dos dont la cause principale, chez les amateurs, est une mauvaise exécution du geste [1].

Les blessures aux hanches sont pour ainsi dire inexistantes et leur action durant le swing a été peu étudiée. En dépit de ce manque de données, aux Etats-Unis, 99% des chirurgiens ne déconseillent pas le retour à la pratique du golf après arthroplastie totale de hanche [2].

Regardons cela d’un peu plus près.

Le swing se décompose en quatre phases [3] :

  1. L’adresse est la position du joueur devant la balle, à ce moment la flexion entre les hanches et le tronc devrait être de 45°.
  2. Le backswing correspond au démarrage du club jusqu’à sa position la plus haute. A son sommet, la rotation des hanches est en moyenne comprise entre 47 et 55 degrés.
  3. Le downswing est la phase décrivant la descente du club jusqu’à son impact avec la balle. Chez un droitier, la hanche droite va ici aller vers la rotation latérale et l’abduction tandis que l’inverse se produit à gauche entrainant le bassin en rotation gauche. Au moment de l’impact, la vitesse angulaire de la hanche (chez les professionnels) et d’environ 498°/s, ce qui est relativement faible par rapport aux épaules par exemple (723°/s).
  4. Le follow-through est la phase de décélération suivant l’impact. La hanche gauche va se retrouver en rotation médiale, le bassin face à l’objectif et la hanche droite sera dans une position relativement neutre.

La participation des hanches à la vitesse linéaire du club est faible (environ 5%).

Foxworth et al. ont cherché à comparer les couples de force se produisant au niveau des hanches et dans les trois plans, lors de l’exécution du swing, entre des sujets jeunes et âgés.
Etonnement il n’est retrouvé que de très faibles différences, la seule notable se situant au niveau des extenseurs de la hanche droite (pour un droitier) plus efficace chez les sujets jeunes. Nous noterons, sur cette jambe, que le couple de force des extenseurs de hanche est deux fois supérieur à celui des extenseurs du genou. Les pics d’activité se produisent dans tous les cas et dans les deux groupes à la fin du downswing ou juste après l’impact.

Quel intérêt ? :

L’étude de Foxworth et al. est la première à se préoccuper de ces mesures. Elle se limite à des sujets sains et d’un bon niveau ce qui limite l’intérêt clinique, mais permettra de donner un point de comparaison à de futures études sur des joueurs se plaignant de lombalgie, de coxalgie ou ayant subi une arthroplastie.

Par ailleurs, le but du golfeur moyen étant d’envoyer la balle le plus loin possible (la bonne trajectoire est facultative…) il est facile d’imaginer comment un défaut de mobilité ou d’élasticité/force musculaire des hanches va entrainer des compensations et une surcharge sur les autres structures sollicitées. Les schémas d’activation musculaire lors du swing sont d’ailleurs très variables sur un même individu, à l’inverse des professionnels, chez les golfeurs amateurs [4].

Conclusion :

Les hanches ne sont pas les articulations les plus sollicitées lors du swing de golf, toutefois elles sont le lien entre le bas et le haut du corps et un swing efficace ne peut se réaliser sans une contribution biomécanique correcte de leur part.
Les problèmes de raideur, articulaire ou musculaire, de force et/ou de contrôle moteur les concernant ne sont donc pas à négliger chez vos patients pratiquant ce sport.

Leur évaluation dans des problèmes de lombalgie, par exemple, liée à la pratique du golf n’est donc sans doute pas dénuée de sens.

Références bibliographiques :

[1] M E Batt ; A survey of golf injuries in amateur golfers ; Br J Sports Med 1992 26: 63-65

[2] Judy L. Foxworth & al. ; Hip Joint Torques During the Golf Swing of Young and Senior Healthy Males ; J Orthop Sports Phys Ther 2013;43(9):660–665. Epub 25 July 2013. doi:10.2519/jospt.2013.4417

[3] Patria A. Hume &al. ; The Role of Biomechanics in Maximising Distance and Accuracy of Golf Shots ; Sports Med 2005; 35 (5): 429-449 REVIEW ARTICLE 0112-1642/05/0005-0429/$34.95/0.

[4] B Abernethy & al. ; EXPERT-NOVICE DIFFERENCES IN MUSCLE ACTIVITY DURING THE GOLF SWING ; Science and Golf (Routledge Revivals):Proceedings of the First World Scientific Congress of Golf

Article soumis le 9 septembre 2013 et accepté le 10 après mise en forme.