Introduction
De nombreuses études ont évalué l’effet du renforcement musculaire chez le patient neurologique pour améliorer la marche. Un grand nombre ont montré une amélioration de la force musculaire, mais très peu ont démontré une amélioration de la marche [1,2,3,4]. Les raisons de cette absence de transposition de gain de force ne sont pas connues, alors que pourtant chez le sujet AVC, le lien entre force musculaire et marche est très établi [5].
Le point clé à considérer est la modalité de l’exercice de renforcement. Pour améliorer la marche, il faut idéalement que le renforcement soit spécifique aux muscles concernés, à l’action de ceux-ci lors de la tâche, dans l’amplitude utilisée lors la tâche et à la vitesse d’exécution de celle-ci comme le recommande l’American College of Sports Medicine [6].
Entraînement et renforcement tâche-spécifique
Par exemple, un patient ayant des difficultés à se lever. L’entraînement tâche-spécifique consistera en des répétitions de transferts assis-debout avec variations des conditions de réalisation (hauteur de l’assise, positionnement d’un pied par rapport à l’autre, etc.). Le renforcement tâche-spécifique sera un renforcement des membres inférieurs sur une presse horizontale, l’action musculaire étant relativement proche de celle lors du transfert assis-debout.
Lors de la marche, 3 étapes importantes sont nécessaires pour permettre une propulsion/marche vers l’avant
1) Puissance générée par les fléchisseurs plantaires à la fin de la phase d’appui
2) Puissance générée par les extenseurs de hanche au début de la phase
3) Puissance générée par les fléchisseurs de hanche à la fin de la phase d’appui et au début de la phase oscillante [7,8,9]
Revue de la littérature
La qualité de cette revue évaluée par la grille AMSTAR est de 4/11 (disponible en pièce jointe en bas de l’article).
24 études ont été inclues dans cette revue systématique. 16 études évaluaient un programme de renforcement ou comparaient 2 programmes de renforcement. Les 8 autres comprenaient dans le traitement évalué de type exercice du renforcement musculaire.
10 études sur les 24 ont rapporté un gain significatif de force musculaire. Sur ces 10 études, seulement 3 ont rapporté une amélioration significative de la marche. 2 de ces 3 études comprenaient aussi des étirements, du réentraînement à l’effort et des exercices d’équilibre. La 3ème étude semblait utiliser plus un entraînement tâche-spécifique qu’un renforcement tâche-spécifique.
4 études ont rapporté une amélioration significative de la marche sans amélioration de la force musculaire.
Concernant les 3 étapes importantes :
– 16 études ont inclus un exercice pour le Triceps Sural
– 10 études ont inclus un exercice pour les Extenseurs de Hanche ou un ponté
– 13 études ont inclus un exercice pour les Fléchisseurs de Hanche (Figure n°1)
Seules 7 études comprenaient le renforcement de ces 3 muscles clés à la marche avant.
Les muscles principalement renforcés sont le Quadriceps et les Ischio-Jambiers.
Commentaires Actukiné
La majorité des études comportent des exercices ciblant le Quadriceps ou les Ischio-Jambiers. De plus, les exercices intéressant plus spécifiquement le Triceps Sural, les Extenseurs ou les Fléchisseurs de hanche ne sont pas un renforcement tâche-spécifique.
Le renforcement tâche-spécifique du Triceps Sural devrait correspondre à son action lors de la marche, à savoir une contraction concentrique, très rapide (200°/sec) durant une très courte période (0.2 sec) entre 5° de flexion dorsale et 20° de flexion plantaire juste avant le décollement des orteils à la fin de la phase d’appui selon les auteurs.
Cette revue amène une vraie réflexion sur le fait ne pas renforcer pour renforcer et de le faire en ciblant les muscles spécifiques, leurs actions, leurs vitesses d’exécution et leurs amplitudes lors d’une tâche donnée.
Il serait d’intéressant de définir cela pour les différentes tâches élémentaires de la vie quotidienne (marche avant, assis-debout, debout-assis, monter/descendre un escalier, etc.) et d’évaluer les effets d’un renforcement tâche-spécifique sur la tâche concernée.
Référence de la revue de littérature
Références
[2] Morris SL, Dodd KJ, Morris ME: Outcomes of progressive resistance strength training following stroke: A systematic review. Clin Rehabil 2004;18:27Y39
[3] van de Port GL, Wood-Dauphinee S, Lindeman E, et al: Effects of exercise training programs on walking competency after stroke: A systematic review. Am J Phys Med Rehabil 2007;86:935-51
[4] Taylor NF, Dodd KJ, Damiano DL: Progressive resistance exercise in physical therapy: A summary of systematic reviews. Phys Ther 2005;85:1208-23
[5] Bohannon RW: Strength deficits also predict gait performance in patients with stroke. Percept Mot Skills 1991;73:146
[6] Kraemer WJ, Adams K, Cafarelli E, et al: American College of Sports Medicine position stand. Progression models in resistance training for healthy adults. Med Sci Sports Exerc 2002;34:364-80
[7] Williams G, Morris ME, Schache A, et al: People preferentially increase hip joint power generation to walk faster following traumatic brain injury. Neurorehabil Neural Repair 2010;24:550-8
[8] Liu MQ, Anderson FC, Schwartz MH, et al: Muscle contributions to support and progression over a range of walking speeds. J Biomech 2008;41:3243-52
[9] Neptune RR, Sasaki K, Kautz SA: The effect of walking speed on muscle function and mechanical energetics. Gait Posture 2008;28:135-43