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Les habiletés de communication et les aspects relationnels des soins ont traditionnellement reçus moins d’attention et disposent de peu d’outils métriques d’évaluation. L’empathie est définie comme un processus à composantes cognitives et affectives permettant aux individus de comprendre et de répondre aux états émotionnels des autres en contribuant à des comportements de compassion et de libre-arbitre (1).

Des études semblent montrer une diminution de l’empathie au sein de la formation médicale (2). Pourtant on connaît l’importance de cette aspect en pratique car elle est associée, entre autre, à une plus grande satisfaction des patients (3), une amélioration de l’adhérence au traitement (4) et de meilleurs résultats (5).

Une étude récente (6) a tenté de savoir si un enseignement spécifique pouvait permettre aux praticiens d’être plus empathiques d’après leurs patients. 99 internes et étudiants (en médecine, chirurgie générale, anesthésie, psychiatrie, orthopédie et ophtalmologie) ont été randomisés en un groupe recevant un enseignement post-gradué standard (N=45) et un autre groupe (N=54) où on y ajoutait 3 modules de 60 minutes pour s’entraîner à être empathique. Les modules en question s’étalaient sur 4 semaines et étaient délivrés aux résidents par groupes de 6 à 15 personnes. Les objectifs de cet enseignement étaient de fournir des bases scientifiques sur la neurobiologie et la physiologie de l’entraînement en empathie, d’augmenter la conscience de la physiologie des émotions durant les interactions difficiles entre patients et thérapeutes, d’améliorer les aptitudes à décoder les expressions faciales des émotions et d’enseigner des réponses verbales et comportementales empathiques.

Le critère d’évaluation principal était le Consultation and Relationnal Empathy Measure (CARE) évalué par les patients. Les critères d’évaluation secondaire étaient le Neurobiology and Physiology of Empathy Test (NPET), l’Ekman Facial Decoding Test (EFDT), le Jefferson Scale of Physiocian Empathy (JSPE), et le Balanced Emotional Empathy Scale (BEES).

Le groupe ayant suivi les modules d’apprentissage à l’empathie présentait des résultats supérieurs au groupe contrôle pour le critère CARE (p=0.04), le NPET (p<0.001) et le EFDT (p<0.001). L’empathie s’apprend et peut permettre d’améliorer facilement la qualité des soins en médecine.

Commentaires ActuKiné

Si nos professions médicales donnent actuellement l’image de se focaliser essentiellement sur la technicité des soins, le boom des neurosciences apporte un éclairage nouveau sur l’interaction patient-soignant: il faut amener les physiothérapeutes à reconsidérer cette relation thérapeutique et pas uniquement à se concentrer sur l’aspect technique de leurs interventions.

Références

(1) Decety J, Yang CY, Cheng Y. Physicians down-regulate their pain empathy response: an event-related brain potential study. Neuroimage. 2010 May 1;50(4):1676-82.

(2) Nunes P, Williams S, Stevenson K. A study of empathy decline in students from five health disciplines during their first year of training. Int J Med Educ. 2011;2;12-7.

(3) Hickson GB, Federspiel CF, Pichert JW, Miller CS, Gauld-Jaeger J, Bost P. Patient complaints and malpractice risk. JAMA. 2002 Jun 12;287(22):2951-7.

(4) Larson EB, Yao X. Clinical empathy as emotional labor in the patient-physician relationship. JAMA. 2005 Mar 2;293(9):1100-6.

(5) Kaptchuk TJ, Kelley JM, Conboy LA, Davis RB, Kerr CE, Jacobson EE, Kirsch I, Schyner RN, Nam BH, Nguyen LT, Park M, Rivers AL, McManus C, Kokkotou E, Drossman DA, Goldman P, Lembo AJ. Components of placebo effect: randomised controlled trial in patients with irritable bowel syndrome. BMJ. 2008 May 3;336(7651):999-1003.

(6) Riess H, Kelley JM, Bailey RW, Dunn EJ, Phillips M. Empathy training for resident physicians: a randomized controlled trial of a neuroscience-informed curriculum. J Gen Intern Med. 2012 Oct;27(10):1280-6.