Voici un message qui vient tout droit de la liste, très active, de kiné respiratoire. Il porte sur les recommandations d’hygiène et doit interpeler le plus grand nombre:

Il y a peu d’études sur le risque spécifique de transmission des infections au cours de la kinésithérapie respiratoire. Néanmoins, force est de constater que nous devons élever notre niveau de prévention dans ce domaine…
A l’heure où certaines de nos techniques sont discutés quant à leurs utilités (cf Bronchiolite), le moindre mal est de limiter les risques de contamination (cf rapport bénéfice/risque). Surajouter le risque d’intrusion d’un virus ou d’une bactérie à un patient affaibli n’est pas tolérable. Les erreurs les plus fréquentes sont la mauvaise qualité de frictions par soluté hydro alcoolique (SHA), l’insuffisance de protection, les procédures de désinfection du matériel inadaptées ou absentes et le non respect des précautions standard et particulières (Air, gouttelettes et contact). Les recommandations et les référentiels sont claires à cet égard. Par ce mail, je souhaite simplement remettre l’accent sur ce sujet, notamment les “précautions standard”, qui je le rappelle, s’adresse à TOUS et TOUJOURS!

1. La désinfection des mains par friction (SHA) doit se faire entre 2 activités, 2 patients et après retrait des gants. Cette friction doit se réalisé avant chaque prise en charge et à la sortie de la chambre ou du box afin d’éviter la contamination de l’environnement.  L’erreur la plus fréquente est le temps de friction qui est souvent réduit à peau de chagrin! Les études ont prouvés que ce temps doit être d’au moins 30 secondes ce qui est trop rarement respecté! La qualité technique et gestuelle doit être également acquise afin de l’automatiser et de l’optimiser.  Suivre ces recommandations permet d’éviter la contagion croisée à un patient qui vient pour se soigner et qui a confiance en notre professionnalisme!!!  Prenons juste un exemple qui touche un maximum de kiné: La bronchiolite aigue. Cette bronchopathie obstructive virale et saisonnière est lié au VRS (majorité des cas). Cependant, d’autres virus peuvent en être responsable (para-inluenzae, adénovirus…). La transmission est directe ou indirecte. Le problème de transmission croisée est évident si un nourrisson venant pour un pied bot succède à un nourrisson venant pour bronchiolite (cf planification).  Mais quid de la prise en charge successive de plusieurs nourrisson pour bronchiolite, les uns à la suite des autres? Idem, cela suppose une hygiène irréprochable et non approximative. Pourquoi? Le risque de transmettre un deuxième virus ou alors une surinfection bactérienne associé (pneumocoque, moraxella catarrhalis) est considérablement majoré. Tout ceci peut exposé le nourrisson à une éventuelle chronicité et par définition à un asthme du nourrisson (3 épisodes de bronchiolite). Le problème est encore plus marqué dans le cadre de la mucoviscidose. A ce propos, “vaincre la mucoviscidose” a également sortie des recommandations allant dans ce sens.  Il ne s’agit ici que d’exemples parmi tant d’autres… Alors pitié, surtout n’oublions pas de nous “Shater” correctement et pendant min 30 secondes!!!

2. D’autre part, d’après les recommandations nationales, le ports de gants est nécessaire en précautions standard si risque de contact avec:
– sang
– tout produit biologique
– muqueuse
– peau lésée

Ces recommandations sont interprétés différemment selon les uns et les autres et pourtant… “Si risque de contact…” ne devrait pas être source d’interprétation, principe de précaution oblige!  Jusqu’à preuve du contraire, une expectoration est un liquide biologique! Récupérer les expectorations des nourrissons avec un mouchoir suppose un risque de contact majeur. De même, instiller du serum phy suppose un risque mineur de contact avec la muqueuse nasale. De ce fait,  afin de protéger nos patients lors de ce type de prise en charge, le port de gants est recommandé.  Cela est tout autant valable pour les autres pathologies sécrétantes (muco, bronchite, BPCO…) et examens (ECBC). N’oublions pas que ce port de gants évite également le risque encouru par les professionnels (hépatite C, … peau lésée…). Cela n’arrive pas qu’aux autres…

3. Dans le même registre, en cas de projection ou d’aérosolisation de produit biologique, le port d’un masque adapté anti-projections est nécessaire. Dans le cas contraire, nous qui sommes parmi la profession la plus proche des patients,  risquons simplement de véhiculer une bactérie dont nous serions porteur sain sans le savoir. D’autre part, les kinésithérapeutes dans la kiné respi font parties des professionnels où le risque professionnel est reconnu le plus important avec les pneumologues en endoscopie.

4. Le port de lunettes de protection est recommandé pour les mêmes raisons.

En résumé, selon les recommandations nationales, le “drainage bronchique” avec toux et expectoration nécessiteraient systématiquement:
Frictions
Gants
Masque
& Lunettes de protections…
ALEXANDRE OLISLAGERS
CHRU DE LILLE
Hôpital Albert Calmette
Pôle des maladies respiratoires
Service de pneumologie