Episode 8/8 : définition !
C’est la définition proposée par l’IASP (International Association for the Study of Pain) et qui fait consensus depuis 1979
En anglais, la douleur est : "An unpleasant sensory and emotional experience associated with actual or potential tissue damage, or described in terms of such damage."
Traduite en français comme : "Une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable, liée à une lésion tissulaire réelle ou potentielle, ou décrite en termes d’une telle lésion"
Quels mots retenir ?
– Déplaisante : curieusement, cet adjectif est crucial car si la perception n’est pas déplaisante, on ne peut pas parler de douleur. Si cette remarque vous parait un peu « surfaite », repensez aux patients qui vous reprennent en préférant parler de gêne plutôt que de douleur en consultation et… qui consomment pourtant des antalgiques sans effet sur leur ressenti.
– Expérience : on peut considérer que ce terme se réfère à une « construction perceptive » qui dépasse la simple notion de sensation et centre en quelque sorte le patient au cœur de son problème
– Sensorielle ET émotionnelle : si on peut regretter l’absence des notions de cognitions et de comportements de cette définition, il est en revanche clairement stipulé que l’aspect physique de la perception (le sensori-discriminatif) n’est pas suffisant à caractériser la douleur (le ET est très important)
– Dommage réel OU potentiel : ici, c’est le OU qui est fondamental. La définition permet de s’affranchir de la croyance erronée commune du "lésion = douleur"
– Décrite : c’est le seul terme qui évoque la notion comportementale en invoquant la capacité du patient à communiquer. Si on pense immédiatement au langage verbal, le terme ne doit pas exclure d’autres formes de communication non verbale ; on comprend aisément qu’un patient qui ne peut pas communiquer verbalement peut avoir mal.
Conclusion :
Est-ce la fin du voyage ? Non, bien entendu. Il ne fait aucun doute que notre compréhension des mécanismes douloureux évoluant, cette définition subira des modifications dans les années à venir. Les travaux de nombreux chercheurs permettent d’ores et déjà d’en combler certaines limites (par exemple, Moseley a repris la notion de protection si chère à Sherrington et s’intéresse à la place de la conscience et du sens du Soi dans le phénomène douloureux, Turk et Flor comme de nombreux prédécesseurs insistent sur les versants cognitifs et comportementaux, etc.). Et puis, le mieux avec un voyage, c’est quand même qu’il ne s’arrête jamais, non ?
Pour en savoir plus…
Avec quelques explications
Quintner JL, Cohen ML, Buchanan D, Katz JD, Williamson OD.Pain medicine and its models: helping or hindering?Pain Med. 2008 Oct;9(7):824-34. doi: 10.1111/j.1526-4637.2007.00391.x.