Expliquer la douleur (5)
Les idées reçues dont dispose le patient chronique au sujet de l’expérience douloureuse peuvent facilement devenir un frein à sa progression en rééducation. C’est notamment le cas de ses croyances sur l’origine de la douleur : par exemple, si il attribue la pleine responsabilité de ses problèmes à un tissu donné (disque, articulaire,etc.). Mais il n’y a pas que l’origine du phénomène douloureux qui semble poser problème : sa nature même pourrait constituer une barrière à la bonne compréhension de son état. Il semble donc intéressant de savoir si le sujet perçoit sa douleur en tant que processus ou en tant qu’entité.

Un processus est modulable, dynamique et possède un début et une fin. C’est une « suite continue d’opérations, d’actions constituant la manière de faire, de fabriquer quelque chose » (Larousse).

Une entité est une « chose considérée comme un être ayant son individualité » (Larousse). Cette dernière définition est passionnante car on y évoque un caractère individuel entendu comme une existence indépendante ; il en découle rapidement une connotation d’impuissance pour le sujet, la douleur échappant à son contrôle. Encore plus intéressant, elle évoque également un « être » ; on comprend alors que certains de nos patients nomment et personnifient leur douleur (« Elle », « Le crabe qui pince », etc). Pour eux, la douleur est une entité qui est venu occuper leur corps et qu’ils doivent désormais subir.

Il peut être utile de casser cette image de douleur perçue comme une chose immuable et passive. Le processus douloureux est actif, fluctuant et donc (heureusement) modifiable.

Références