20 étudiants sains (si on considère qu’un étudiant est bien une personne saine) ont participé à cette étude comportant deux sessions. On vérifiait préalablement que ces sujets n’avaient aucun problème de douleur, ne prenaient aucune médication et n’avaient jamais eu une expérience de stimulation thermique en conditions expérimentales.

Lors de la première session, on déterminait la stimulation thermique amenant le minimum de douleur détectable (qui devait correspondre à une VAS de 25/100 – moyenne retenue sur 3 répétitions de 3s) et on répétait le même processus pour induire une douleur modérée de 50/100. Ensuite, l’expérimentation dite de « douleur imaginée » démarrait et il était demandé aux sujets d’imaginer être soumis à une stimulation thermique entrainant une douleur minimale pendant 20s (celle-ci était répétée 4 fois avec un intervalle de 60s entre les stimulations imaginées). Il était demandé aux sujets d’évaluer la douleur perçue (VAS 0-100) au sein de chaque stimulation à 5 et 15s. Les mêmes opérations étaient répétées pour une douleur modérée.

Une semaine plus tard les étudiants revenaient pour une seconde session dite de « douleur physique » : les sujets expérimentaient des stimulations thermiques de deux intensités (celles de la phase test induisant des douleurs minimales et modérées) lors de deux sets de 4 essais consécutifs. Ces stimulations duraient 20s et il était demandé d’évaluer la douleur perçue sur une VAS 0-100 à 5 et 15s lors de chaque stimulation. Notez au passage que l’ensemble des participants commençaient par la session de « douleur imaginée » pour éviter l’influence d’une expérience physique préalable. En fin d’expérimentation les sujets répondaient à la question (score 0-10) « est-ce que les évaluations de votre douleur dans la condition imaginée ont pu influencer vos réponses dans l’expérimentation de douleur physique d’aujourd’hui ? ».

Les résultats ont montré que les sujets ne percevaient pas de rapport entre la première et la seconde session. Logiquement, les participants rapportaient des intensités douloureuses plus importantes dans les conditions de stimulation modérées par rapport aux conditions minimales. Ce qui était intéressant c’est que les changements d’intensité de la douleur rapportés par les sujets suivaient des patterns différents entre condition imaginée et condition physique : en effet, pour une intensité de stimulation minimale ou modérée, la condition imaginée montrait une tendance à la sensibilisation (des intensités croissantes) alors que la condition de douleurs physiques réelles montrait un pattern d’habituation (intensités décroissantes). Il semble donc que dans ce contexte et en l’absence d’effet lié à un processus d’apprentissage (l’a priori Bayésien !), le système nerveux anticipe plutôt le pire !

Références

Gács, B., Szolcsányi, T., & Csathó, Á. (2017). Opposite patterns of change in perception of imagined and physically induced pain over the course of repeated thermal stimulations. European Journal of Pain.