Efficacité des traitements de rééducation à long terme pour des patients après AVC (Partie 2)
Méthodologie: les critères de sélection des essais étaient : les patients au moins à 6 mois après un AVC, comparer une technique de rééducation active à une intervention témoin (placebo ou absence de soins). Les techniques actives étaient définies comme des techniques traditionnelles (renforcement musculaire, activités fonctionnelles, facilitation neuro-musculaire etc.) et devaient être réalisées sous la surveillance d’un physiothérapeute expérimenté. Les nouvelles technologies (robot) ou les techniques peu répandues (marche en suspension) ont été exclues ainsi que les interventions destinées au membre supérieur. Les échelles de mesure retenues étaient le critère principal de jugement de l’étude. Si aucun critère de jugement principal n’était désigné, la mesure de l’effet traitement considéré était celui pour une échelle de mobilité ou d’indépendance fonctionnelle.

Résultats: 15 essais cliniques ont été sélectionnés avec 700 participants. Un effet taille 0.29 [95 CI 0.14-0.45] a été trouvé en faveur des traitements actifs. Ceci suggère que des traitements conventionnels menés, à distance après AVC, peuvent améliorer les patients. Les capacités de marche (endurance) semblent surtout améliorées par rapport aux activités de la vie quotidienne ou vitesse de marche (ES =0.05 ; 95 CI [0.01-0.09]), représentant environ un gain moyen de 8%.

Commentaires d’actukiné: Ce travail permet 1) de justifier l’usage des techniques de physiothérapie même à distance après un AVC 2) de montrer que des techniques de rééducation traditionnelles actives, pouvant être pratiquées dans tous les cabinets de rééducation, peuvent améliorer les patients. Il n’est pas nécessaire d’avoir recours à des techniques plus couteuses. 3) On constate une grande variété des modalités d’application des traitements comme la durée : de 10 à 120 minutes/séances ; le type de séances (à domicile, en groupe ou combinées) ainsi que la diversité des techniques qui ne permettent pas aujourd’hui de déterminer les interventions les plus efficaces, ni la façon optimale de les appliquer.

Conclusion: Les revues systématiques sont des outils de la recherche clinique à part entière. Même si les preuves qu’elles apportent peuvent être soumises à la critique, elles ont aussi des avantages : elles permettent de synthétiser les résultats des essais cliniques existants, de mettre en évidence la qualité (ou l’absence) des informations, d’identifier les connaissances manquantes, le coût financier de ce type d’étude est modeste par rapport à un essai clinique, on n’est pas confronté aux difficultés éthiques posées par la comparaison de deux traitements chez des patients. Leurs réalisations devraient être encouragées, reconnues et ne pas être réservées à une élite. Les revues systématiques réalisées par nos collègues étrangers sont nombreuses, mais la France, une fois de plus, continue d’accumuler les obstacles et les retards (combien de méta analyses ont été publiées par des kinésithérapeutes français ?). Nous nous condamnons à regarder passer le train et augmentons le risque de délivrer des traitements inefficaces (et couteux) à nos patients.

Le coup de gueule: Alors, Mesdames et Messieurs, cessez ces débats stériles sur l’universitarisation de nos études, dépêchons-nous d’accepter une équivalence en licence. Travaillons à construire des masters puis des doctorats en physiothérapie de demain pour valoriser l’expertise des thérapeutes, pour apprendre à réaliser des méta-analyses et à conduire des travaux de recherche clinique en toute autonomie, comme le font aujourd’hui les physiothérapeutes d’autres pays.

Bibliographie: Ferrarello F, Baccini M, Rinaldi LA, Cavallini MC, Mossello E, Masotti G, Marchionni N, Di Bari M. Efficacy of physiotherapy interventions late after stroke: a meta-analysis. J Neurol Neurosurg Psychiatry. 2011 Feb;82(2):136-43. Epub 2010 Sep 8. Review.