Effets de la thérapie par miroir sur la fonction motrice chez les patients hémiplégiques: revue systématique Cochrane
Thieme et coll ont publié au mois de mars sous la forme d’une revue Cochrane, une synthèse des effets de cette technique chez des patients hémiplégiques.
Résumé
La thérapie par miroir est utilisée pour améliorer la fonction motrice chez les patients hémiplégiques. Durant les séances, un miroir est positionné dans le plan sagittal devant le patient afin de refléter les mouvements du bras non hémiplégique comme s’il s’agissait de ceux du bras hémiplégique. L’objectif de la revue est de faire une synthèse des études qui concernent l’efficacité de la rééducation face à un miroir pour améliorer la fonction motrice, les activités de la vie quotidienne, la douleur, la négligence spatiale après un accident vasculaire cérébral. Une recherche a été effectuée dans différents moteurs de recherche jusqu’en juin 2011 pour inclure des essais randomisés, contrôlés. 14 études ont été incluses qui portent au total sur 567 patients. Les patients étaient âgés de 51 à 79 ans et étaient suivis pour rééducation dans différents types lieux: hôpital ou centre, rééducation à domicile ou en cabinet. Le délai après AVC des patients variait de 5 jours à 5 ans. Les analyses montrent une amélioration de la fonction motrice (différence moyenne standardisée (IC 95%) = 0.61 [ 0.22, 1.00] p<0.001, hétérogénéité de 75%), des activités de la vie quotidienne ( 0.33 [ 0.05, 0.60 ], p<0.02), de la douleur (-1.10 [ -2.10, -0.09 ], p<0.001) à l’issu de la rééducation. L’amélioration de la fonction motrice est toujours observée 6 mois après l’arrêt du traitement, mais pas pour les autres critères de jugement.

En conclusion, les auteurs suggèrent d’utiliser chez les patients hémiplégiques le traitement avec un miroir en complément de la prise en charge habituelle. Des variations de l’effet du traitement par miroir ont été observées en fonction du traitement reçu par les patients dans le groupe témoin*: l’effet n’est plus significatif si les sujets du groupe témoin peuvent apercevoir le bras hémiplégique. Ce résultat est à relativiser avec le petit nombre d’étude et de sujets (3 études avec 91 patients au total). Aucun effet délétère n’a été reporté, mais seule une étude les avait recueillis! enfin, ces données concernent en priorité le membre supérieur, une seule étude portant sur le membre inférieur ayant été incluse.

Commentaires Actukiné
En attendant des études portant sur un plus grand nombre de sujets comparant la thérapie miroir avec d’autres traitements de rééducation, elle semble constituer une technique de choix à proposer notamment en pratique libérale pour de nombreuses raisons : extrêmement facile à mettre en place, cout très faible du matériel, possibilité pour le patient de réaliser des exercices chez lui. En attendant des données concernant les effets indésirables (AND, oédème) et des modalités de rééducation (dose ?), il apparait nécessaire que le kinésithérapeute/ physiothérapeute s’assure régulièrement du bon déroulement des exercices. De nombreuses ressources sont disponibles sur internet en utilisant les mots clés (mirror box, mirror therapy) comme videos mais aussi la possibilité de se procurer le matériel par exemple ici. Nous ne disposons pas d’information permettant de savoir si ce matériel est distribué ou non en France. Si vous êtes familiers avec cette forme de rééducation, n’hésitez pas à réagir pour nous faire part de votre expérience.

En pièce jointe, vous pouvez retrouver les précédentes notes d’Actukiné concernant la mirror therapy.

Thieme H, Mehrholz J, Pohl M, et al. Mirror therapy for improving motor function after stroke. Cochrane Database Syst Rev. 2012 Mar 14;3:CD008449

* soit un traitement "sham" où le miroir est recouvert mais le bras hémiplégique n’est pas visible soit des exercices réalisés sans miroir et les patients peuvent voir leur bras hémiplégique