JOUR 6 : quel rapport risque/bénéfice ?

La profession de physiothérapeute exige de poser la question du rapport risque/bénéfice pour le patient. Ce ratio est plutôt complexe et nous ne développerons pas ici tous ses aspects (rapport isolé, face à différentes interventions, face à différents praticiens, etc.).

Concernant la notion de bénéfices, le lecteur est invité à relire les notes précédentes. Il se souviendra qu’actuellement, l’efficacité du DN, si elle existe, est plutôt statistique que clinique et concerne le court terme.

Quels sont les risques en traversant la barrière dermique ?

Le dry needling étant une technique récente, il est encore difficile de juger de sa dangerosité et de ses effets secondaires. Nul doute que les accidents (et les procédures juridiques qui vont avec !) vont augmenter vu l’engouement pour la technique. Les praticiens du DN auront peut-être moins d’accidents que les acupuncteurs car ils dispensent un traitement plus localisé (moins de piqures). En revanche, la profondeur de piqure est plus importante en DN et le temps de formation plutôt court…

Pour l’heure, une étude prospective (menée par des promoteurs de la technique) montre des effets secondaires “relativement” rares (moins de 20%) et majoritairement bénins (hématomes, saignements, douleurs, etc.) (1). La littérature fait tout de même apparaitre quelques cas plus “préoccupants” (hématome épidural cervical (2), pneumothorax (3), etc.).

Ces risques semblent partagés avec l’acupuncture dont les effets secondaires sont reportés depuis plus longtemps. Une revue systématique des effets délétères menée en Chine sur 33 ans recense 182 incidents dont les plus graves concernent pneumothorax et atteintes du système nerveux central (4). En Europe, la National Patient Safety Agency reporte dans les organisations du NHS entre 2009 et 2011 325 incidents liés à l’acupuncture ; là encore il s’agit dans 95% des cas d’effets secondaires bénins… mais le rapport retrouve quand même 1% de pneumothorax (5).

Qu’en penser ?

Sans doute à peu près la même chose que de la manipulation cervicale : des effets de (très) petites tailles, à court terme, sans supériorité sur une technique moins invasive et avec des risques d’effets délétères souvent bénins mais parfois catastrophiques. Le jeu en vaut-il la chandelle ?

A méditer… et à suivre !

Références

(1) Brady S, McEvoy J, Dommerholt J, Doody C. Adverse events following trigger point dry needling: a prospective survey of chartered physiotherapists. J Man Manip Ther. 2014 Aug;22(3):134-40.

(2) Lee JH, Lee H, Jo DJ. An acute cervical epidural hematoma as a complication of dry needling. Spine (Phila Pa 1976). 2011 Jun;36(13):E891-3.

(3) Cummings M, Ross-Marrs R, Gerwin R. Pneumothorax complication of deep dry needling demonstration. Acupunct Med. 2014 Dec;32(6):517-9. (Référence citée mais non lue)

(4) Wu J, Hu Y, Zhu Y, Yin P, Litscher G, Xu S. Systematic Review of Adverse Effects: A Further Step towards Modernization of Acupuncture in China. Evid Based Complement Alternat Med. 2015;2015:432467.

(5) Wheway J, Agbabiaka TB, Ernst E. Patient safety incidents from acupuncture treatments: a review of reports to the National Patient Safety Agency. Int J Risk Saf Med. 2012 Jan 1;24(3):163-9.