De l’utilité de l’oxygène à domicile pour des patients atteints de BPCO sans hypoxémie de repos
Vous pouvez commencer par lire l’abstract pour prendre connaissance du sujet que nous ne détaillerons pas les lignes qui suivent.
Une fois la conclusion lue il est important de bien comprendre la manière dont le problème a été posé ; ce qui va conditionner les résultats et leur portée.
Nous reprenons quelques points de ce travail.
Chez le patient atteint de BPCO la dyspnée est un symptôme ressenti au repos et dans certaines activités. L’oxygénothérapie ambulatoire est un des traitements proposés. La désaturation est le signe clinique retenu pour la prescription d’oxygène. Chez les sujets qui ne dessaturent pas les capacités physiques et la dyspnée sont améliorées par une supplémentassions en O2.
En dehors d’une hypoxémie de repos l’utilisation de l’oxygène à domicile ne repose pas sur des preuves solides pour deux raisons : des conflits d’intérêts et de faibles effectifs dans les études cliniques.
L’absence d’étude de forte puissance est mise en avant.
Inclusion : anciens fumeurs BPCO stables ; dyspnée MRC>3. L’hypercapnie a été dépistée.
Exclus : patients en cours de réhabilitation et ceux qui utilisent couramment l’O2 à domicile.
Deux semaines d’observation ont précédé le démarrage de l’étude pour obtenir et confirmer la stabilité clinique des sujets.
Etude réalisée en intention de traiter avec deux traitement l’un par O2 l’autre par air comprimé administrés à raison de 6l par minute. Tous les sujets dument informés devaient utiliser le « gaz » lors d’activités en intérieur ou extérieur et génératrice de dyspnée. Aucune recommandation ne concernait la durée de l’activité ou de l’administration de gaz.
160 participants, 143 randomisés, 139 terminent le protocole.
Aucune différence significative n’a pu être relevée entre les deux groupes pour les trois scores de dyspnée, la qualité de vie. L’amélioration relevée pour le test de marche de six minutes ne dépassait pas 13 m pour le groupe oxygène et n’était donc pas significative d’un point de vue clinique (35-54m).
Par contre les deux groupes voient leur score de dépression au CRQ et le score de dyspnée augmenter de manière significative à l’issue de l’étude. D’où cette remarque sur laquelle les auteurs ne s’étendent pas du possible effet placebo de l’oxygénothérapie ambulatoire.

La consommation de gaz est en moyenne identique dans les deux groupes.

Dans la discussion les auteurs restent prudents au sujet de la dyspnée ressentie à l’effort ainsi que le l’amélioration sous oxygène relevant de mécanismes complexes (perception altérée de la dyspnée, réduction de la demande ventilatoire, amélioration des muscles respiratoires et périphériques, possibles effets cardiovasculaires)
Rappelons ici que la dyspnée est un phénomène complexe et éminemment subjectif.
Pour finir l’usage d’un débit de 6l/mn est justifiée par le fait que l’hyperoxie réduit la dyspnée à l’effort en diminuant la demande ventilatoire et en retardant l’apparition de l’hyperinflation dynamique. Ces phénomènes dose dépendante se produisent pour une valeur de 6l. Les auteurs ont voulus maximiser cet effet.

Ne pas perdre de vue que la population étudiée n’était pas hypoxémique au repos.
Chez ce groupe de patients l’oxygénothérapie ambulatoire n’apporte pas de bénéfice.

L’abstract à lire ici

A randomised trial of domiciliary, ambulatory oxygen in patients with COPD and dyspnoea but without resting hypoxaemia. Moore RP, Berlowitz DJ, Denehy L, Pretto JJ, Brazzale DJ, Sharpe K, Jackson B, McDonald CF. Thorax. 2011 Jan;66(1):32-7.